Roy Ayers, Adrian Younge & Ali Shaheed Muhammad
On se dit qu’on les visitera bien un jour. Finalement, les années filent... mais parfois, miracle, une occasion permet de se rattraper aux branches. On ne remerciera jamais assez Adrian Younge et Ali Shaheed Muhammad d’avoir invité Roy Ayers, vibraphoniste et claviériste de légende, qu’on retrouve depuis le début des années 60 sur au moins cent disques (dont près de la moitié sous son nom). Parce qu’il a touché à tous les genres (jazz, soul, fusion, acid jazz, hip-hop) et ne s’est jamais fermé à rien (un incontournable de sa discographie est la BO de “Coffy”, en 1973),
tournée démarrée en régions, passe par Bruxelles avant d’arriver au Bataclan. L’étonnement est grand devant cette entreprise qui n’a rien à vendre, qui ne fait la promotion d’aucun disque... Trente ans plus tard, aux obsèques de Dick Rivers (1946-2019), Francis Cabrel comprend que, pour saluer la mémoire de l’ami, le moment est venu de publier ce qui a été enregistré. D’où ce “Rock’n’Roll Show” dans lequel Dick Rivers, bien qu’éloigné de la scène depuis longtemps, montre qu’il n’a rien perdu de son art. Derrière le micro, il est chanteur incontesté, celui qui donne l’épaisseur indispensable à une collection de classiques des années 1950 popularisés par les géants, Elvis Presley, Chuck Berry, Little Richard, Eddie Cochran, les Everly Brothers, Buddy Holly... Lors de ces concerts, aucun succès de l’un ou l’autre n’est interprété. Pur et dur. Inclus ici en bonus, unique texte en français, la maquette de “Le Rôle Du Rock” de Cabrel pour Rivers est chantée en duo. En 2014. Complicité intacte. JEAN-WILLIAM THOURY 14 plages, des hommages inattendus à Sam Cooke, Grant Lee Buffalo ou Can (l’hypnotique “Mushroom”), mais aussi un titre reggae — l’obscur “Ba Ba Boum Time” de The Jamaicans. Le tout voisine avec la mise en musique d’un texte de Paul Verlaine ou une reprise de “La Chambre” — un classique de Kat Onoma — en duo avec le regretté Christophe... Quelques nouveautés également comme cette belle “Valse Hésitation”, probablement le meilleur titre de cet album foisonnant.
STAN CUESTA