Tendu L’Homme Invisible
a tendance à froncer les sourcils quand on lui annonce le reboot d’un classique du genre. Voir, parmi mille exemples, les versions récentes de “Fog”, “La Malédiction”, ou de l’insupportablement poseur “Suspiria”. Une expérience remake qui a également foiré quand la firme Universal s’est mise en tête de remettre au goût du jour quelques classiques de l’âge d’or du fantastique des années 30. Festivités ouvertes avec une nouvelle version de “La Momie” avec Tom Cruise qui, tellement catastrophique à tous les niveaux (box office, accueil public et critique), que les autres projets annoncés sont partis directement dans les poubelles d’Hollywood. Adieu donc à Javier Bardem en Frankenstein. Idem pour Russell Crowe en Jekyll/ Hyde. Et Johnny Depp en Homme Invisible. Ou plutôt adieu Johnny Depp tout court. L’Homme Invisible, lui, restant toujours sur le coup... Publié en 1897, le célèbre roman de HG Wells donna lieu à une première et formidable adaptation de James Whale en 1933, avant d’être décliné jusqu’en milieu des années 40 en une série de longs métrages (“Le Retour De L’Homme Invisible”, “L’Agent Invisible Contre La Gestapo”...).
Et ce, avant de connaître au cours des décennies suivantes, maintes autres adaptations sous forme de séries télévisées et de films (dont “Les Aventures D’Un Homme Invisible” de John Carpenter). En 2019, Universal s’associe avec Jason Blum, le Roger Corman des années 2000, pour coproduire à sept millions de dollars (petit budget pour Hollywood) cet “Homme Invisible” 2020. Et en confiant les rennes à un certain Leigh Whannell. Après un premier un long métrage anecdotique (voire foireux : l’épisode 3 de la franchise horrifique “Insidious”), le réalisateur australien étonne avec son deuxième long : l’excellent “Upgrade”, série B de science-fiction d’une efficacité teigneuse revisitant “Terminator” à sa façon. Logique donc que Jason Blum (déjà producteur sur ce coup) propose à Whannell de gérer cet “Homme Invisible” en changeant la donne. L’action n’étant plus vécue (comme dans le roman et le film originel) du point de vue de l’homme invisible mais de celui de sa victime. Une femme qui, sous la coupe machiste et vicelarde de son scientifique de mari, pense avoir retrouvé sa liberté le jour où celui-ci se suicide. Peu de temps après sa mort, elle commence par être hantée par une présence invisible qui la traque constamment, jour après jour... Une grande partie de l’action se déroule dans une immense maison high-tech où Leigh Whannell cumule les métaphores et les ambiances : film féministe (les rapports houleux entre le scientifique et sa femme bafouée), hommage élégant au bon cinéma fantastique des années 70, 80 et 90 (de “L’Emprise” à “Hollow Man”) et diatribe contre les progrès déshumanisant de certaines technologies. Le tout avec une réalisation au cordeau où le moindre coin de cadre et le plus petit raccord dans le mouvement renvoient à un certain cinéma de genre d’antan dans lequel le spectateur a toujours la sensation de savoir exactement où il se situe dans l’espace. Pour le coup, “L’Homme Invisible” reste incroyablement tendu d’un bout à l’autre. Sans temps mort et sans gras. Et sans ces dispensables apartés humoristiques propres à une grande partie du cinéma fantastique contemporain. Mais “Invisible Man” doit aussi beaucoup à sa formidable actrice, Elisabeth Moss (de tous les plans), révélée au monde entier dans “Mad Men” et “The Handmaid’s Tale”, qui se défend de cet homme invisible avec tellement d’acharnement qu’elle s’inscrit désormais dans la liste des grandes héroïnes du cinéma fantastique. Comme Ripley/ Sigourney Weaver dans “Alien” ou Sarah Connor/ Linda Hamilton dans “Terminator”. Dégagé des cinés quelques jours après sa sortie en mars suite au Covid-19, “L’Homme Invisible” revient faire son petit tour en salles en début d’été pour gagner quelques futurs fans. Il faut s’y précipiter, car ça mérite vraiment le grand écran
gore hystérique shooté par le fils du réalisateur de “Rambo 2”). Mais que le résultat soit moyen ou nul (en tout cas jamais très bon), Cage semble toujours très impliqué. Systématiquement déchaîné, hurlant une fois sur deux ses dialogues comme si sa vie en dépendait, il est extraordinairement fascinant. Y compris dans “Kill Chain” huis clos mollement tendu dans un motel avec un chassé croisé constant entre des flics, des gangsters, des tueurs et une femme fatale. On ne fait donc pas grand cas de cette intrigue à base de vengeances, de
et de trahisons absurdes pour mieux se focaliser sur le cabotinage et les rictus de l’acteur. Et en se demandant sans cesse à quel moment il va partir en vrille. “Kill Chain” vaut surtout pour les
Ceux qui, masochistement fans, regardent absolument tous les films de Nicolas Cage, pour le meilleur et pour le pire