TRUST
Voici 40 ans, le groupe de Bernie, Nono, Vivi et Jeannot secouait l’Hexagone avec l’album “Répression”, boosté par un fameux hymne consacré au “temps perdu qu’on ne rattrape plus”. Contrairement aux souvenirs, égrenés ici par le chanteur.
“ANTISOCIAL”... Le succès phénoménal de ce hit inattendu allait paradoxalement occulter le passé et l’avenir du groupe. Pourtant, le quartette bénéficiait auparavant d’une cote importante grâce à l’album précédent et à une tournée triomphale, et il allait enregistrer bien d’autres disques dans la foulée, que ce soit au cours des quatre années le rapprochant de sa séparation, ou des décennies suivantes, pendant lesquelles il a multiplié les réapparitions scéniques et discographiques. Mais il est toujours renvoyé à ce morceau qui lui colle à la peau, comme son chanteur et parolier Bernie Bonvoisin nous l’avoue en remettant les choses en perspective.
Une histoire d’étiquette
R&F : Pour beaucoup, l’histoire de Trust débute avec “Antisocial”.
Bernie Bonvoisin : Le groupe s’est fondé en décembre 1977 et le premier album, “L’Elite” sorti en 1979, a bénéficié d’un bouche-àoreille favorable suite à une tournée de cinquante-cinq concerts. Notre premier 45 tours n’avait pas marché, aucun media ne s’intéressait à nous, les deux premières semaines ont été moyennes et, d’un coup, on a eu autant de monde dehors que dedans. A la fin de la tournée, sans la moindre promo, on avait vendu 80 000 exemplaires. En fin d’année, on a fait le Pavillon de Paris et les 17 000 billets sont partis en deux heures. A l’arrivée, ce disque a vraiment bien fonctionné, avec plus de 850 000 ventes, mais il est passé sous silence car il y a ce titre dans l’album suivant qui traverse le temps, et je le vérifie tous les jours. Tout ça nous a échappé mais c’est à nous de rappeler notre passé quand il y en a la possibilité.
R&F : Vous avez été associés, dès le début, à la vague hard rock. Bernie Bonvoisin : On ne s’est jamais considéré comme un groupe de hard rock, mais plutôt comme un groupe de rock. Après, c’est une histoire d’étiquette qu’on nous a collée. Certains considéraient même qu’on était un groupe de hard punk parce que les musiciens avaient les cheveux longs et moi les cheveux courts ! L’aspect hard rock était mis en évidence par la puissance du son mais notre background musical se situait en queue de comète des années 70, on écoutait Led Zeppelin et AC/DC, et on n’a jamais été dans tout ce qui est metal même si on a fait des tournées avec Iron Maiden. La perception peut être souvent très réductrice mais on n’y peut rien, elle fait partie de ce qui nous échappe.
R&F : Avez-vous apprécié la vague punk ?
Bernie Bonvoisin : A fond. J’étais à Londres le jour de la mort d’Elvis Presley, et le soir, je suis allé voir un concert des Jam dans un club : c’était la première fois que je voyais des gens qui ne savaient pas très bien
“On a les gouvernants qu’on mérite, la musique qu’on mérite”