Le chauffeur du taxi s’appelait... George Martin !
Cave dans le salon
2 mai 2020, samedi soir, confinement depuis... me rappelle plus. Trois Guinness, zonage sur internet, la lose. Relevé des compteurs, les sites qui vont bien. Site officiel de Nick Cave. Bad Seed TeeVee ? Ouais ben, si c’est comme les soirées coin du
feu Neil Young, bof... Je clique pour voir... et me téléporte devant ma télé, qui peut également diffuser YouTube (pour les vieux : si si, c’est possible, une télé connectée ça s’appelle). Et là... Nick Cave, toute la soirée, un samedi soir, en France. Des vidéos officielles... mais aussi des documents amateurs live, des vieilles vidéos (“The Singer”), des captations du groupe au travail en studio (putain il est directif Nick Cave...), des interviews... Les gens nés dans les années 70/ 80 me comprendront. Avant, l’image on ne l’avait pas, ou rarement, dans la presse spécialisée. Là, c’est l’orgie. Je vous laisse, Shane McGowan et Nick Cave attaquent un morceau de Louis Armstrong. CAILLOU
PS : Il va de soi que ce genre d’initiative ne convient qu’à certains artistes, dont le travail est significatif, sur une longue durée. En fait, en l’écrivant, je me pose la question. Quel autre artiste contemporain pourrait se le permettre ? Nick Cave, le dernier des vivants ?
Sujets d’avenir
Il m’a fallu un certain temps pour réaliser que la rubrique Absolutely Live avait (il fallait s’y attendre) disparu. Même si les allocutions de quelques ministres, ou de la porteparole du gouvernement sont assez rock’n’roll avec quelques impros pleines de risque, je ne suis pas sûr qu’elles puissent nous passionner... même chroniquées avec talent. Les prises de vues en contre-plongée d’artistes mal rasés dans leur salon, ou pire, dans leur chambre me semblent manquer de glamour, quand ce n’est pas de reverb, pour faire l’objet d’une critique... même si on peut les revoir à l’envi. Fautil envisager à l’avenir les sujets suivants ? Les Plats Régionaux Dans Les Chansons ? Rock : Slip Ou Boxer ? Maquillage : Les Tutos Des Stars Du Glam ? Je suis comme un raton-laveur qui suppute... Oh, finalement, peu importe ce que vous allez traiter, du moment que je vous retrouve dans les kiosques, je suis prêt à lire un sujet sur l’influence du vernis à ongle sur la prise de son en studio, en vous remerciant à l’avance. SAM
L’immatérialité du sensible
Vous lire, c’est abolir le déferlement de bruits et d’images du quotidien pour entrouvrir l’espace d’un ailleurs où la contingence et la représentation cèdent la place à l’immatérialité du sensible. Une fois refermée la porte sur l’agitation du monde, un silence sous-jacent s’installe, une lenteur saisit, préludes à une dilatation de la perception et de la conscience. Le pouvoir expressif de l’architecture littéraire rompt avec toute forme de transcription du réel pour s’attacher à l’expression d’un univers insaisissable. La couleur et le rythme des compositions musicales que vous me suggérez constituent une expiration qui donne, mais pas à tous les coups, voix à l’exaltation. PHILIPPE CIRSE
Amateur de Ash “Lorsque la vague britpop des
années 90 est évoquée”, rapporte Basile Farkas dans sa chronique de “Teenage Wildlife”, l’anthologie du vingt-cinquième anniversaire, “Ash
est souvent oublié”. A raison ! Et c’est le moment où l’on en vient à parler de Tim Wheeler, voix claire, lumineuse et candide. Tim Wheeler, métrique vocale rigoureuse et pleine d’entrain, ponctuée de “Wo-ohoh-oh-oh” bubblegum ! Sa force à lui est de concevoir, et de nous décrire, régulièrement, dans les interstices d’un matériau punk rock constitué pour l’essentiel de guitares mastodontes et mille fois usitées avant lui : une fulgurance inédite. Qui, enfin, nous parle de nous. Alors il parvient à cette proximité faite de romance, d’embrasement et de lâcher-prise, de confusion sentimentale et d’obsédantes tracasseries. Il nous parle confusément, en gros, de notre adolescence. Cette innocence, authentique, ne semble jamais avoir quitté les chansons de Wheeler. Ou l’acte qui chez lui consiste à les composer. La force de cette musique tenant quant à elle à l’expressivité de ses humeurs, indissociables manifestement de la passion, lesquelles humeurs culminent et trouvent leur climax, souvent, dans un gimmick romantique, dissimulé sous cette puissance de feu électrique et jubilatoire. Tout bonnement héroïque et transcendante... C’est de cette façon qu’émerge alors, une phrase mélodique qui transcende l’expérience, et la connaissance. Le préposé à l’inflation soudaine de ce ciel ? Tim Wheeler. Le geste musical d’Ash pouvant se résumer à cette sensation pure, mêlée de sidération : Tim Wheeler qui, instinctif et fougueux, décrète au moment du refrain : “Ciel dégagé !”. Et le ciel qui lui obéit. Inspiration-comète, sous un ciel encombré et lourd. Et les notesétoiles qui harmonieusement s’alignent, scintillent plus intensément encore. Pour atteindre le pic de cette chanson-ascension en train de jouer. Et il y a ainsi toujours derrière une porte qu’on ouvre chez Ash l’attrait d’un horizon qui nous cueille instantanément comme ça, nous séduit. Une séduction semblable à celle décrite dans ses chansons qui absorbe, dévore et réquisitionne des verbes d’état. Maintenant donc de cette façon le processus de vie. Voilà sans doute pourquoi on pourrait dire de ces chansons qu’elles sont si énergisantes. Et de cet arsenal musical qu’il est si héroïque. On pourrait même parler d’artisanat
à l’ancienne, puisque non content d’exceller dans la composition de couplets et de refrains, Tim Wheeler excelle aussi dans l’art oublié (2020 ?) de la construction de ponts, érigeant ces arcs dans le récit au-dessus de dépressions antérieures (et créer des ponts : voilà quoi qu’on en dise ce dont nous avons le plus besoin là, maintenant !...). Un vrai agent des ponts et chaussées ce Wheeler ! Pour un songwriting à proprement parler évènementiel ; c’est qu’il s’en passe en seulement trois minutes trente ! FRANçOIS JACQUES (NAMES THE PLANETS)
Divers Australs
Bonjour monsieur Hanon, dans votre très bonne critique du dernier album des Datura4, vous revenez sur le brillant curriculum vitae de Domenic Mariani, que j’ai moi aussi suivi : Nit Wits, Go-Starts, The Stems, The Summer Suns, Stonefish,
The Someloves, DM3, The Stoneage Hearts, Solo, The DomNicks, Majestic Kelp, Datura4. Dommage que son ami de longue date, lui aussi vétéran de la formidable scène de Perth, l’excellent guitariste et chanteur Greg Hitchcock, se soit fait la malle des Datura4 en 2019. Son parcours est remarquable : Go-Starts, Graverobbers,
The Bamboos, The Stonefish,
The Neptunes, The Kriptonics, New Christs, Challenger 7, You Am I, The Dearhunters, The Monarchs et, donc, Datura4. Deux beaux destins de stakhanovistes du rock’n’roll. Merci à vous, australement rock. JACKY SALAMO
Le grand orchestre du Splendid
Dave Greenfield... Florian Schneider... si je m’appelais Christian Clavier, je me ferais du soucis.
E. T. DéCONING PEOPLE
Rire et chanson
Bonjour, l’immense Eddie Cochran — merci de ne pas l’avoir oublié — idolâtrait Little Richard qui vient de nous quitter... Le chauffeur du taxi fatal, au fait, s’appelait... George Martin ! Et Penniman a chanté deux fois “Somethin’ Else” : en 1994 avec Tanya Tucker et en 2006 avec Eddy et Johnny (version bilingue, mais lui seulement en anglais, heureusement) ! Pour le rock humoristique français, j’attire l’attention sur Jack Dieval, le grand producteur, pianiste, compositeur, etc. “Le Loufoque Du Rock” (1956) est nanti du même solo de sax en intro que “Gaby Oh ! Gaby” de Bashung ! Ce tube de Bashung étant presque du rock humoristique avec une teinte surréaliste grâce au grand Boris Bergman. Le plus flamboyant rock humoristique français à la télé française le 16 octobre 1961 : l’incroyable duo entre Guétary et Les Chats Sauvages (avec deux pointures de jazz en appoint : Christian Garros, batteur, et René Duchossoir, guitare) qui recréent “Georges, Viens Danser Le Rock’N’Roll”. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, ça le fait ! Dick en petit costard cintré et chemise à jabot se déchaîne et Guétary joue vraiment le jeu alors qu’il n’aimait vraiment pas... Visible en ligne. Henri Genès, toute une série à son actif dont “Le Roi Du Twist” où il beugle “Elvis Presley est mon
copain !”, oeuvre originale de Jil et Jan, le duo à la base du départ de Hallyday ! Sinon, pour réagir encore à cet article d’Eudeline, Vince Taylor n’a jamais chanté dans les cirques... Ni Pinder (Danny Boy Et Les Pénitents) ni Bouglione (avec lequel tournèrent Claude Et Ses Tribuns et le guitariste Grégory Ken, future moitié de Chagrin D’Amour). Au fait, je suis belge et Ferry Barendse n’était pas un compatriote : il était hollandais mais s’est produit en Belgique alors que Milou Duchamp était bel et bien belge ! Adieu à Phil May et beau souvenir pour moi de ce concert des Pretty Things au Gibus. Bonne chance en cette époque pas drôle ! CHRISTIAN NAUWELAERS
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L’amant du Pont-Neuf
Mick Jagger a bien plus emballé que Christo.
PATRICK MOALIC
Détournement de majeurs
Par temps d’épidémie et de confinement forcé, on se cramponne, n’est-ce pas, à l’essentiel. Petit détournement beatlesien de circonstance. “OK, je ne suis pas le premier à faire une pochette blanche, mais celle des Beatles est sortie il y a
un certain temps” (Anton Newcombe). “I Want To Hold Your Other Hand” (Brian Jonestown Massacre), “Don’t Brother Me” (Beady Eye), “Ticket To Hide” (Guided By Voices), “You Can’t Hide Your Love Forever” (A Sunny Day In Glasgow), “Today Knows” (The Ladybug Transistor), “Sgt. Rutter’s Only Darts Club Band” (Rutles), “The Magickal Mystery D Tour EP” (Psychic TV), “Happiness Is A Worn Pun” (Super Furry Animals), “Here Comes The Waiting For The Sun” (Brian Jonestown Massacre), “Give Peace Another Chance” (Sterling Roswell), “Beyond The Valley Of
A Day In The Life” (Residents). DéSIRé DUROY
Humain après tout
Courrier des lecteurs Rock&Folk 634 : “... un Daft Punk raté...”, pléonasme.
MAîTRE CAPELLO
Bonnes vibrations
Femmes et hommes qui chaque mois faites Rock&Folk, je vous offre mon amitié. Depuis qu’on se connaît, vous êtes toujours restés fidèles à l’appel, qu’il pleuve des bombes ou qu’il tourbillonne des poignards. Alors quand l’air a commencé à manquer, je me suis mis à considérer ce que je regretterais de laisser derrière moi si je devais y passer plus tôt que prévu : les quelques êtres humains qui comptent pour moi, toute la musique qui m’a fait vibrer, et puis vous. Je parlais l’autre jour avec Ben Kennedy (oui, entre lecteurs on finit parfois par se croiser et s’apprécier) qui m’a fait remarquer que Rock&Folk nous accompagne et vieillit avec nous, comme un grandfrère qui vous lancerait un clin d’oeil de loin en loin pour vous dire :
“Hé, tu vois ? Ne t’inquiète pas, je suis
encore là.” Et c’est vrai que le journal est présent depuis si longtemps qu’on a parfois l’impression qu’il a toujours existé : un repère immuable et tellement rassurant. Alors quand mon organisme a finalement décidé qu’il n’était pas encore temps de rejoindre Elvis, j’ai traîné ma carcasse chez mon buraliste dans un mélange de crainte et d’espoir. Pourquoi m’inquiéter ? Vous étiez là. Fidèle au poste, comme toujours. Merci à vous. Merci d’exister. Mais il y a encore autre chose que j’aimerais ajouter. Philippe Manoeuvre a un jour écrit dans son édito que Vincent Tannières lui aurait déclaré dans les années 90 : “Le journal n’a jamais été mieux”.
C’était vrai alors et c’est encore vrai maintenant. Je voudrais donc apporter une petite nuance à l’analogie de Ben Kennedy : si Rock&Folk est comme un grand-frère pour nous, Rock&Folk ne vieillit pas. Rock&Folk se réinvente. Salut à vous, hommes et femmes qui faites Rock&Folk, je vous embrasse très fort, car s’il est vrai que c’est dans l’adversité qu’on reconnaît ses amis, entre nous, il n’est plus uniquement question de musique. Meilleures pensées. JULIEN
Roland pas content
Le fléau c’est (devenu) vous. Cracher et mépriser un des plus grands groupes du monde (qui aura créé de superbes ballades, que vous n’avez même pas dû écouter, contrairement aux culculteries Beatles gnangnan qui n’ont duré que cinq ans avec leurs bluettes, tous les mois dans votre revue, que ça en est devenu viral mais je m’égare), aimé par des millions de fans (que vous méprisez aussi), et qui m’a soutenu quand je portais mes croix, les insulter, ça, c’est minable. Genesis, je les aime ! Vous, c’est aux chiottes et je tire la chasse. ROLAND
Et sans un espoir
Et j’ai crié ! Crié ! Christophe pour qu’il revienne, et j’ai pleuré, pleuré, oh ! J’ai trop de peine... ALINE