Rock & Folk

Throwing Muses

- PHILIPPE THIEYRE

des harmonies vocales et de la mélodie lui permet d’élaborer quelques perles, “Run Away With Me”, “Lamentatio­ns”, “Tell Me You Love Me” au lent crescendo, “Landslide” aux harmonies aériennes, “Die Happy”. Le lent “Sugar” et, surtout, le plus rythmé et accrocheur “Video Game” évoquent les réussites de la pop new wave des années quatre-vingts. L’album se termine sur le long crescendo de “America”, alternant bruitages et sons electro formant un chaos d’où émergent les voix avant de lentement s’éteindre. JJ1/2 grave. En 1993, certaineme­nt pas vaincu, It’s Immaterial a commencé à travailler sur un troisième opus en Ecosse avant d’apprendre que Whitehead était atteint d’un cancer. Fast forward : en 2016, les deux amis qui le sont restés ont tenté de publier ce disque (auquel ils se sont à nouveau attelés) via le site participat­if Pledge Music qui a… capoté. Finalement, ce rendez-vous longuement différé a pu avoir lieu grâce à Burning Shed qui distribue enfin “House For Sale”. Commencées il y a trente ans et finalisées (assez) récemment, les chansons (dix) qu’il contient donnent un peu l’impression de surgir d’un passé qu’on n’a pas connu, mais volent bien au-dessus des nids de coucou actuels. Pour situer, on dira que “Summer Rain”, “Up On The Roof” ou “In My Dreams” sont du bois dont Prefab Sprout, en son temps, sculptait ces arbres qui touchaient le ciel. Sophistiqu­é et groovy, ce disque n’est pas pour tout le monde, mais encore moins pour personne. JJJJ JéRôME SOLIGNY

“Sun Racket”

Sept ans après l’aussi ambitieux que réussi livre album “Purgatory/ Paradise”, le groupe revient enfin avec un nouvel opus. Le son, assez dur, est plus proche de celui de 50 Foot Wave, l’autre projet de Kristin Hersch. La plupart des titres sont très sombres, avec des guitares dans les graves médiums, métallique­s et corrosives. La chanteuse, dans une grande forme, a de plus en plus une voix de sorcière, mais toujours envoûtante. Comme si elle affirmait encore davantage avec l’âge ses particular­ités vocales. Dès l’excellent premier titre “Dark Blue”, on est plongé dans une atmosphère quasi vénéneuse. La plume reste aiguisée, profonde et douce amère :

“Si j’étais une meilleure rêveuse, tu serais un rêve qui se réalise/ Si j’étais sous toi, je serais sous l’eau”. Le batteur David Narcizo a cette capacité à simplifier le rythme à sa plus pure essence pour appuyer ces magnifique­s guitares et cette voix si hypnotique. Kristin prouve à nouveau ici qu’elle est une grande guitariste capable d’éviter tous les clichés, avec toujours des phrases originales et sans chichis. On est beaucoup plus proche du rock (grunge) des années quatre-vingt-dix que de la musique du groupe dans les années quatre-vingt, quand

Tanya Donelly était encore de la partie. “Maria Laguna”, parmi les meilleurs titres du disque, pourrait avec ses jolis arpèges être repris sans difficulté par Metallica. Elle chante “Je ne regrette pas une seule goutte d’alcool” sur le superbe “Milk At McDonald’s” qui, comme des vapeurs lentement distillées, plonge l’auditeur dans un état second. “Upstairs Dan” se déploie majestueus­ement dans toute sa beauté noire, telle une créature des ténèbres. On a du mal à comprendre ce qu’on vient d’entendre. Cet album assez court se ressent davantage qu’il ne s’écoute ou se raconte. JJJJ BRIAG MARUANI

balayée par l’énergie revigorant­e insufflée par la chanteuse. Sofia Portanet a composé — en compagnie de Steffen Khales — un florilège de tubes aux mélodies imparables magistrale­ment porté par une voix puissante qu’elle utilise parfaiteme­nt au service des chansons. “Free Ghost” est un titre à la fois énergique et planant où la jeune femme affirme que l’amour pour un esprit libre n’advient que si la liberté est la source dont elle est originaire ; “Menschen Und Mächte”, avec ses quelques accents hageniens donne envie de danser sur un plateau de la ZDF ; “Wanderatte” est un épatant tire-larmes romantico-novo. Mais, le plat de résistance de l’album est l’imparable “Planet Mars” où la jeune femme questionne ses choix amoureux. L’album se clôt avec “Racines” originelle­ment chantée par Catherine Ribeiro. Sofia Portanet est une révélation qui réconcilie Kraftwerk avec la chanson française. Une perle rare qui n’est jamais vraiment là où on l’attend. JJJJ

Ayant travaillé au studio Sigma en 1974, l’Américain maîtrise le son vintage de Philadelph­ie comme le démontrent les arrangemen­ts (notamment de cordes) de “Permission To Dance”, “Refugee D’Esprit” ou “Heaven”. Daphne Guinness, un peu comme Amanda Lear avant elle, chante avec tempéramen­t et élégance des textes qui veulent dire des choses (“Other People’s Problems”) et prouve que cette vocation en est bel et bien une. JJJ

JéRôME SOLIGNY

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