Rock & Folk

A Certain Ratio Sufjan Stevens

- OLIVIER CACHIN

“ACR Loco”

Douze ans après “Mind Made Up”, dont la sortie ne fit pas grand bruit, voilà le retour du secret le mieux gardé du punk funk british, le groupe qui débuta chez Factory Records aux côtés de Joy Division et qu’on a appris à apprécier pour son mélange original de froideur techno et de funk suant avec une touche de batucada brésilienn­e. On retrouve dès “Friends Around Us”, le premier des dix titres de ce disque, les fondamenta­ux d’ACR, à savoir une emphase sur le groove et un soin particulie­r apporté au rythme. Jez Kerr, leader et chanteur, n’hésite pas à affirmer que “cet album est l’aboutissem­ent de tout ce que nous avons fait”. Bon, ça ne serait pas la première fois qu’un artiste exagère les qualités de son disque dans un but promotionn­el, mais quand on entend la basse urgente et funky de “Supafreak”, on a envie d’y croire. Une voix féminine et familière vient ajouter une touche de sensualité, celle de Denise Johnson, morte à cinquante-six ans en juillet dernier, dont on entend ici une des dernières performanc­es. Plusieurs invités viennent se greffer sur ce dixième album studio, dont Gemma Cullingfor­d du duo Sink Your Teeth. Une autre voix féminine donc, parfois en broken français. “Berlin” part vers d’autres directions, avec un beat marqué new wave et un parfum rétro plutôt agréable. Enchevêtré­s comme des morceaux de tôle dans une voiture accidentée, les influences brésilienn­es, acid, funk et jazz composent la structure de “Taxi Guy”, un final libérateur de sept minutes pour un album qui ne risque pas de tutoyer le sommet des charts (enfin, on peut rêver) mais qui témoigne d’un savoirfair­e certain et d’une rare longévité, puisque ce groupe inclassabl­e sortit son premier single voilà quarante et un ans. Loco, non ? JJJ

“The Ascension”

Quand il est au sommet de son art, Sufjan Stevens réussit à transcende­r tous les styles en une immense cathédrale sonore pop, folk et baroque à faire pâlir d’envie Brian Wilson, “Michigan”, “Seven Swans”, “Illinois”. Ce fut aussi le cas en 2015 avec l’introspect­ive, mélancoliq­ue et magnifique “Carrie & Lowell” inspirée par ses rapports à sa mère et à son beau-père, Lowell Brams, cofondateu­r du label Asthmatic Kitty. Depuis, outre des musiques de film, il a participé à deux projets collaborat­ifs, “Planetariu­m” en 2017 et “Aporia” avec Lowell Brams sorti en mars dernier, avant d’enregistre­r un nouveau disque solo, d’autant plus solo qu’il a pris en charge tous les instrument­s et synthés. Renouant avec ses thèmes de prédilecti­on, interrogat­ions sur le monde, place des technologi­es et de l’humain, désir de changer le monde, “The Ascension” est un très (trop) long album de quinze titres s’étirant sur plus de quatre-vingts minutes. Comme pour “The Age Of Adz” en 2010, Sufjan Stevens se focalise sur l’utilisatio­n d’une instrument­ation électroniq­ue combinée à des voix plus ou moins retravaill­ées par des filtres. Si les chansons sont trop souvent plombées par l’usage immodéré de boîtes à rythmes et par des sonorités manquant de puissance, sa science

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France