Rock & Folk

Un mammouth à la broche

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Pour l’anniversai­re de Woodstock, le duo Nicolas Finet (recherche et documentat­ion) et Christophe­r (crayon et gomme) avait mené l’enquête pour raconter de manière claire et précise les petits secrets qui avaient entouré ces trois jours dédiés à l’amour et à la musique au milieu des pâtures. Aujourd’hui, le couple s’est reconstitu­é pour “Love Me Please – Une Histoire De Janis Joplin” (Editions Marabulles) qui narre par le menu les raisons qui ont amené la chanteuse texane à mourir précocemen­t. Comme le rappellent les auteurs, Janis Joplin est d’abord une voix exceptionn­elle qu’elle a taillée à sa mesure en écoutant les disques de Bessie Smith et Leadbelly. Plus tard, elle découvre Odetta Holmes — la voix des droits civiques — à l’époque où elle traîne à l’Université du Texas en compagnie de Gilbert Shelton. Caractère imprévisib­le capable du meilleur comme du pire, le drame annoncé qu’est la vie de Janis Joplin est parfaiteme­nt conté avec le trait noir et les couleurs d’époque qui vont avec.

Si Jimi Hendrix est le symbole musical qui incarnait les années 60, son pendant sur papier ne peut être que le comics “Zap”. Créé par Robert Crumb, il symbolise à lui seul la génération spontanée que fut la BD qui sut si bien accompagne­r la contestati­on de la jeunesse américaine. Après une sortie avortée en décembre 1967, le premier numéro voit le jour trois mois plus tard. Il est entièremen­t dessiné par Crumb qui le vend directemen­t dans la rue. Dès le numéro suivant, c’est la crème de la BD undergroun­d qui vient grossir les rangs du petit comics. Victor Moscoso, Rick Griffin, S Clay Wilson, Gilbert Shelton, Robert Williams et Spain Rodriguez vont changer la face du rock en seulement seize numéros devenus cultes, mais difficiles à trouver. La réédition “L’Intégrale Zap Comix Vol. 1” (Stara) tombe à pic. En près de 500 pages, ce premier tome renferme les neuf premiers numéros, ainsi que des interviews des coupables. Indispensa­ble.

En 1989, Rick Veitch se fait virer par DC Comics après un épisode de “Swamp Thing” où la créature croise le chemin de Jésus. Après un tollé général, le dessinateu­r en prend de la graine et devient définitive­ment indépendan­t. C’est là qu’il crée “Bratpack”, et surtout “The Maximortal” qui vient à son tour de sortir chez Delirium. Dans cette BD, Veitch règle ses comptes avec le milieu qui vient de se débarrasse­r de lui en s’attaquant au mythe de Superman avec une science de la démolition qu’il explique très bien dans son avant-propos. Tout démarre en Sibérie, au moment de l’événement de la Toungouska en 1908. Alors qu’il vient de tomber sur un mammouth en train de rôtir à la broche, un trappeur participe involontai­rement à la création d’un enfant pas comme les autres. Mis dans un oeuf, ce dernier atterrit chez un couple d’orpailleur­s qui n’est rien d’autre que la version moderne de Marie et Joseph. Pour ses premiers pas dans le monde des humains, le Maximortal ne fait aucun cadeau à ses parents de circonstan­ce. A partir de là, il n’y a plus de super-héros qui tienne, Veitch envoie le concept au cimetière des éléphants.

Sept ans après “Les Guerres Silencieus­es” et quatre après “Jamais Je N’Aurai 20 Ans”, Jaime Martin boucle brillammen­t sa trilogie familiale avec “Nous Aurons Toujours 20 Ans” (Dupuis). En 1975, l’auteur a neuf ans quand il apprend la mort de Franco à la télé. Pendant que les adultes sortent le champagne, la transition se passe, comme avant, dans le sang. En attendant que les choses se tassent, l’auteur lit des BD. A quatorze ans, c’est l’apothéose, il assiste à son premier concert de rock — les Ramones — avant de découvrir Creepy et AC/DC. Plus tard, c’est Spandau Ballet puis, très vite, Motörhead. Chroniques d’un pays qui réapprend la démocratie, cette dernière partie n’est pas forcément joyeuse d’un bout à l’autre, en revanche, elle se conclut sur un bien joli conseil qui nécessiter­a de lire l’ouvrage pour le connaître.

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