Will Butler
“Generations” À l’heure tumultueuse de la Covid-19, Will Butler ne tient pas en place dans sa tête. Clavier et bassiste au sein d’Arcade Fire, le petit frère de Win a récemment tourné à travers le monde avec le célèbre groupe de Montréal, mais aussi décroché une maîtrise en politique publique à Harvard et consacré un max de temps à ses trois enfants. William Butler donne suite à “Policy”, premier album solo sorti voilà cinq ans, et évoque sa famille de musiciens comme son grand-père, le guitariste de jazz Alvino Rey qui a joué deux ans avec Charlie Mingus. Produit dans son sous-sol à Brooklyn, “Generations” a été bouclé au moment où New York se calfeutrait pour se protéger de la pandémie. Une musique ouvertement américaine, de nature lyrique et enjouée, pleine de cris perçants, lardée de sonorités électroniques et de choeurs féminins, avec une approche lettrée qui suscite la réflexion. Enregistré les yeux grands ouverts et le palpitant au bord des lèvres, “Generations” s’ouvre avec un son de synthé agressif qui débouche sur le groove élastique de “Outta Here”. Le survolté “Bethlehem” lorgne ensuite du côté des Violents Femmes, avant le méditatif “Surrender”. Butler atteint ainsi un décalage équilibré entre sonorités positives et paroles anxieuses, comme sur “Hard Times” ou “Not Gonna Die” (qui évoque le massacre du Bataclan), des chansons taillées pour la scène qui interrogent sans nécessairement apporter de réponses. Un univers finalement guère éloigné de celui d’Arcade Fire, dont le sixième album est en cours de préparation, même si aujourd’hui personne ne se risque à évoquer de date de sortie . ✪✪✪