Kevin Morby
“Sundowner”
On avait quitté Kevin Morby sur “Oh My God”, disque méditatif à la production soyeuse dans lequel le folksinger américain étoffait des chansons emplies de questionnements métaphysiques de choeurs aériens, d’orgue, harpe et cuivres élégants. “Sundowner”, que l’artiste publie aujourd’hui, propose une approche plus dépouillée et une économie de moyens qui semblent inspirées par l’isolement imposé par la quarantaine liée au coronavirus. Pourtant, les chansons qui composent cet album proviennent d’une période de solitude antérieure. A un moment où le chanteur peinait à conclure “Oh My God”. Kevin Morby s’était alors enfermé dans un cabanon au fond de son jardin avec un 4-pistes antique et en a en réalité tiré un autre album, qu’il a ensuite laissé de côté. Disque d’humeur acoustique enregistré dans des conditions d’isolement extrêmes, “Sundowner” s’avère étonnamment en phase avec l’époque actuelle. Tissant des arpèges autour de ballades introspectives, Morby renoue avec le folk de “Harlem River” et s’avère moins éthéré que “Oh My God”. Comme l’indique le titre “Campfire”, “Sundowner” est un disque à l’ambiance feu de camp, quand la soirée vit ses derniers instants et qu’un scalde livre à l’assemblée des chansons apaisantes pour accompagner la nuit naissante. On pourra regretter l’austérité de l’ensemble, et une impression de déjà entendu peut parfois se faire sentir (“Valley”, à mi-chemin entre “All Of My Life” et “I Have Been To The Mountain”), mais certaines ballades mélancoliques touchent au coeur, à l’image de l’imparable “Sundowner”, l’intense “Wander”, la sublime “Campfire” ou ce “Brother, Sister” tendu qui démontre l’impressionnante maîtrise de Kevin Morby des temps forts et faibles. ✪✪✪