“Boire ou boire”
Drunk
“Boire ou conduire, il faut choisir”, disait un célèbre slogan de la sécurité routière. “Boire ou boire” semble pourtant être l’unique choix des protagonistes de “Drunk” le dernier trip social de Thomas Vinterberg, l’autre cinéaste danois le plus hype du monde (après Lars Von Trier). Des potes quinquagénaires décident de suivre la théorie fumeuse (aujourd’hui, on dirait une fake news) d’un psychologue norvégien prétendant que l’être humain aurait, dès sa naissance, un déficit d’alcool dans le sang. Genre : plus tu bois, mieux tu affrontes la vie. Lentement mais sûrement, les quatre quadras, qui semblent s’être échappés d’un film de John Cassavetes, se mettent la tête à zéro en essayant de faire grimper leur alcoolémie. Jusqu’à ce que l’abus de Brandy prenne le pas sur leur situation familiale, leur boulot (de professeur) et leurs relations diverses. Loin des délires éthyliques et rigolos de “Groland” ou des apartés provocateurs d’alcoolos notoires (de Serge Gainsbourg à Charles Bukowski), “Drunk” montre, presque seconde par seconde, comment cette addiction devient effectivement addictive. Pour le meilleur dans un premier quart de temps (puisque ça désinhibe), puis pour le pire. Pour réussir cela, il fallait des interprètes exceptionnels naviguant parfaitement des passages clairs à ceux nettement plus brumeux. Et dans le genre, le génial comédien danois Madds Mikkelsen, acteur toutterrain, fait le job. “Drunk” reposant en partie sur son regard de plus en plus torve et son âme de plus en plus égarée partant à... vau-l’eau ? Non : à vau-alcool (actuellement en salles) !
Irrémédiable
Un ambulancier mène sa petite vie cool avec sa femme mignonne et adorable. Jusqu’ici, tout va bien. Mais il est victime d’un accident de travail qui le rend paraplégique. Là, ça va moins bien. Sa femme qui l’aime s’occupe de lui, et de son infirmité, avec tact et compréhension. Ce qui ne l’empêche pas de tomber en dépression, de péter les plombs sur son état de santé, de ne plus gérer sa capacité à faire quoi que ce soit et, surtout, de ne plus réussir à calmer sa jalousie maladive envers sa compagne qu’il soupçonne de le tromper. A partir de là, son vrillage psychologique, progressant entre doute et paranoïa, l’amène à commettre des actes de plus en plus répréhensibles .... Huis clos tendu, “Irrémédiable” de Carles Torras montre la vitalité certaine du cinéma
espagnol de genre sur Netflix. Sujet simple, mais bien dosé dans la montée du suspense et le grandguignolesque assumé, beaucoup grâce à l’interprétation du mari cinglé (Mario Casas, excellent dans toutes les nuances de son jeu pychotiquo-pervers) et de sa douce femme jouée par la sublime Belge Déborah François, à qui cette critique est dédiée dans la gratuité la plus totale (disponible en VOD sur Netflix).
#Alive
Depuis le succès mondial de l’excellent “Dernier Train Pour Busan” il y a quatre ans (dont la suite, “Peninsula”, sort en salles ce 21 octobre), le cinéma de genre coréen s’est mis aux films de zombies baveux et agressifs. Y compris avec ce minimaliste mais très enlevé “#Alive”, huis clos pandémique où un virus a transformé les trois quarts des habitants d’une grande ville en ersatz agressifs d’êtres humains. Coincé dans un appartement d’immeuble, un jeune homme tente de survivre. Car s’il met le pied dehors, c’est la mort assurée par arrachage de chair. Mais il réussit à contacter sa jolie voisine de l’immeuble en face. A eux deux, ils vont tout faire pour s’en sortir. Le réalisateur Il Cho réussit à booster chaque séquence de son film par des nouvelles techniques (téléphone portable, drone) usitées par le protagoniste pour communiquer et réagir. Avant que l’action ne vrille vers des coups de théâtre (un voisin douteux), la confrontation post “Walking Dead” avec les créatures et des coursespoursuites hystériques et haletantes dans des couloirs d’immeuble et sur des balcons qui donnent le vertige (disponible en VOD sur Filmo TV).
The Fanatic
Comme ses concitoyens stars des années 1980/ 1990 tels Bruce Willis ou Nicolas Cage, John Travolta est tombé aussi au champ du déshonneur des nanars cafardeux sortant directement en Blu-ray/ VOD. Sauf que, coup de bol, celui-ci est un vrai nanar de chez nanar ! Un pur, un dur, un jouissif. Dans “The Fanatic” de l’inconscient Fred Dust’ Travolta, métamorphosé pour le pire, joue un cinéphage dégénéré (mentalement et physiquement) totalement accro à un acteur ringard de séries B d’action pouilleux dont il possède toute la filmographie en VHS et DVD. Là, c’est le pompon. Grimé en un clone de Jim Carrey dans “Dumb And Dumber” (déambulant sur Hollywood Boulevard à la recherche de rêves de cinéma que jamais il n’atteindra, chouinant et pleurant sa mère comme pas possible, jouant les idiots de première, Travolta est audelà de la gêne. D’autant que les rebondissements absurdes et son cabotinage fascinant mettent le spectateur face à une caricature absolue d’un fan tel que le plus geek des psychopathes ne pourrait l’envisager dans ses pires cauchemars sur lui-même. Mais, mon Dieu, qu’est-ce qu’on se marre (disponible en VOD sur Filmo TV) !