Bowie, Les Livres Qui Ont Changé Sa Vie
Presses De La Cité
Aucun fan de David Bowie ne sera surpris d’apprendre quel grand lecteur il était et les vrais fans savent même, car ils ont bien sûr visité l’exposition qui lui était consacrée, qu’il avait à cette occasion publié une liste de cent livres qui l’avaient marqué et influencé parmi les milliers que ce lecteur avide dévorait. Avide, pour ne pas dire obsessionnel puisqu’il se déplaçait avec des petites bibliothèques de voyage et stockait des livres dans les coffres des limousines qui l’emmenaient au boulot. La liste est bien sûr aussi éclectique que son auteur, et nous offre une parfaite occasion de glisser un oeil dans les secrets du Maître, occasion saisie par des milliers de fans endeuillés qui en ont même fait, sous l’égide de son fils, un book club très fréquenté. C’est donc cette liste que le journaliste et auteur anglais John O’Connell explore et décortique dans l’ouvrage “Bowie, Les Livres Qui Ont Changé Sa Vie”. Certes, on aurait de toute évidence préféré que Bowie lui-même nous raconte le pourquoi et le comment de ces livres-là, et c’est donc forcément pure spéculation qu’imaginer les relations qu’il entretenait avec ces textes mais, soit, le jeu intellectuel est assez amusant pour aiguiser la curiosité. Chaque titre a donc sa fiche où O’Connell résume plus ou moins le propos et raconte ce qu’il imagine des circonstances au cours desquelles Bowie a pu le lire et ce qu’il en a peut-être tiré. L’intérêt de ce dernier pour certains livres est évident, personne ne sera surpris que Selby l’ait influencé — qui n’a-t-il pas influencé ? — ou qu’il se soit passionné pour des livres sur le Berlin des années vingt ou sur Little Richard qu’il admirait particulièrement. Il n’a bien sûr pas non plus raté les grands critiques de l’histoire du rock et de la musique comme Guralnick, Cohn ou Marcus. En revanche, on aurait adoré comprendre pourquoi David Bowie avait mis dans sa liste des bizarreries comme “La Mort A L’Américaine”, texte sur des pratiques scandaleuses dans les pompes funèbres US, et en quoi ce livre l’a influencé, mais c’est un peu l’évident point faible du concept que de ne jamais pouvoir être définitif sur aucune question. Ni non plus, donc, sur ce qui plaisait à Bowie chez Lautréamont — seul Français de la bande... — ou dans l’austère “Naissance De La Conscience Dans L’Effondrement De L’Esprit” (Julian Jaynes) et qui l’aurait influencé. Des anecdotes, des éléments biographiques complètent les fiches et enrichissent une lecture facile et agréable, quoique sûrement pas linéaire, ce livre se picorera plus qu’il ne se lira d’une traite et, dans des temps présmartphones aurait été une parfaite compagnie là où même Bowie allait sans Ziggy.