Rock & Folk

POGO CAR CRASH CONTROL

En France, on a des idées et elles font souvent du vacarme. Une tradition que P3C a métalement décidé de perpétuer.

- Sacha Rosenberg

SORTIR UN ALBUM PAR LES TEMPS QUI COURENT est une chose plutôt casse-gueule. Ou audacieuse, c’est selon. L’attention des potentiels auditeurs est accaparée par d’autres types de contenus et les quinze minutes de gloire promises par Andy semblent au final assez énormes ! D’autant plus quand on est un groupe français émergent et qu’on fait du metal. Il y a des groupes à qui ça pourrait faire peur, qui attendraie­nt que tout revienne à la normale. Il y en a, par contre, qui trouvent que quinze ans, c’est trop long, et qui foncent coûte que coûte. C’est le cas de Pogo Car Crash Control. Les banlieusar­ds proposent enfin leur deuxième album : “Tête Blême”. Une gestation longue pour un magnifique bébé bruyant !

Lemmy avait raison

Rock&Folk : De la pochette, au titre de l’album, en passant par le nom des chansons, “Tête Blême” semble cristallis­er une certaine angoisse. Quel genre ? Olivier : Celle de la vie de manière générale. Etre jugé, être mis à l’écart que ça soit de la société ou de tes amis. Il y a aussi une forme de peur, celle de rater des choses, d’être enfermé. Il y a de nombreux thèmes puisqu’il y a beaucoup de choses qui angoissent globalemen­t. Personnell­ement, j’ai peur de décevoir, ce qui fait que j’ai tendance à en faire quatre fois plus que les autres.

Lola : Il y a aussi la peur que tu as quand tu commandes un colis, il n’arrive pas et tu ne sais pas où il est !

R&F : Est-ce que la sortie de ce second album est à ranger dans la catégorie angoisse ?

Louis : Non, là, ça va être la fête ! On est sûrs de nous.

Lola : En plus, tout nous est déjà arrivé avec “Tête Blême”. Il a fuité, on a dû le décaler. Faut que ça sorte !

R&F : On vous avait quittés punk hardcore en 2018, et aujourd’hui on vous retrouve metal. Ce changement s’est fait naturellem­ent ou est-ce le résultat d’une réflexion ?

Olivier : C’était très conscient.

Simon : Ce qui s’est passé, c’est qu’Olivier avait fait des démos punk garage, et moi j’étais parti dans du metal, voire du néo-metal. Du coup, on se demandait vers quoi on allait. Du punk ? Du metal ? Finalement, on a choisi le metal, mais ça a été pas mal de réflexion... Après, ça reste un album de rock’n’roll, comme le disait Lemmy, et il avait raison. J’ai du mal à caser ça dans le metal. Motörhead, c’est du rock’n’roll avec cette essence punk.

Louis : On a cette essence un peu juvénile et après, on enrobe.

R&F : Cet enrobage a été mené par un nom assez fort de la scène metal actuelle : Francis Caste.

Louis : Bah, on l’appelle le roi du metal ! On voulait aller chercher ce son, sa façon de faire. Il a vraiment fait un gros travail de réalisateu­r. Lola : C’est un mec très ouvert. Il sait qu’on vient pour le son Francis Caste, il sait que chaque groupe est unique. Alors, oui, il a ses techniques, mais il est très à l’écoute de ce que veut le musicien. T’es pas obligé de rentrer dans ses règles. Après, effectivem­ent, il y a sa patte.

Olivier : Il a aussi énormément d’humour, et ça aide. Le studio, c’est un moment de tension. C’est deux ans de travail qu’il faut rationalis­er en un mois, tu peux être tendu… Louis : Du coup, il a un peu fait psy aussi !

Peinard

R&F : Est-ce qu’on peut dire que c’est le premier véritable album de Pogo Car Crash Control ?

Lola : Quand on a enregistré le premier, j’étais dans le groupe depuis six mois, c’était un peu rapide... Là, avec ce deuxième album, on était tous les quatre à bosser, on a tous trouvé notre place. Je me sens plus investi dans celui-là grâce à tout ce qu’on a vécu.

Olivier : C’est Kerry King, de Slayer, qui racontait que pour lui, l’album fondateur de Slayer, c’est le troisième, “Reign In Blood”. Et là, j’aime tellement le disque qu’on vient de faire que j’ai presque envie de dire que Pogo naît avec lui et qu’avant c’était autre chose.

Simon : On verra le troisième album.

Louis : Ça serait triste de dire que “Tête Blême” c’est Pogo Car Crash Control, ça voudrait dire qu’on n’évoluera plus jamais !

Olivier : Ça veut surtout dire qu’on est peinard ! Maintenant, on recycle toujours la même recette, le même album, et on fait de la musique pour un public qui mourra avec notre son. On ne change plus, on est une franchise ! Simon : Comme AC/DC (rires) !★

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