Rock & Folk

Public Enemy

- OLIVIER CACHIN

ou de l’harmonica sur “High School Friend” n’embellit pas forcément ces titres : ça les habille un peu plus chaudement pour arriver à les écouter le soir auprès d’un feu de camp (à moins de six personnes, et dans la limite du respect de la distanciat­ion sociale). Pour le reste, à l’écoute du nouveau lifting de “Portland” et de “London Drugs”, attendons-nous à prendre du poids et à déprimer faute de pogo. ✪✪1/2

GEANT VERT jug band et rock’n’roll pionnier), la musique américaine avait pris une autre voix, sans british invasion ni girls groups, ni scène folk new-yorkaise ? Dur à imaginer mais Wallace, lui, tente le coup, à partir d’un trésor trouvé dans le grenier de son grand-père quand il était petit : une malle remplie de 78-tours gospel devenus son obsession, sa quête, le point d’origine et la ligne d’horizon de sa vision artistique. Près d’un siècle plus tard, où en serait la pop US sans Bob Dylan ni les Beatles, sans les Byrds ni les Rolling Stones, sans Phil Spector ni Motown ? Il y aurait des trompettes, des saxophones, des flûtes, des marimbas, du glockenspi­el, du calypso, du doo-wop, des choeurs blancs chantant “Hallelujah”, des medleys à dix mélodies et un peu (juste un peu) de Chuck Berry. Une fanfare joyeuse, délirante, primitive, hybride et débridée, assaisonné­e de quelques synthés venus du futur, ou de ce qu’il appelle l’autoroute du ciel. Ça ressemble à de la science-fiction ? Normal, c’est l’idée. ✪✪✪✪ LéONARD HADDAD

“What You Gonna Do When The Grid Goes Down?”

Depuis vingt-six ans, c’est-à-dire depuis la sortie du cinquième album “Muse Sick-N-Hour Mess Age”, on n’attendait plus grand-chose de Public Enemy. Comme si leur départ de chez Def Jam, le label qui avait accompagné leur ascension au sommet du rap hardcore, avait été le signal de leur déclin discograph­ique. Et ce n’est pas un hasard si leur retour au bercail est aussi celui de leur résurrecti­on. Déjà, la guest-list est prestigieu­se : sur “Public Enemy Number Won”, les vétérans retrouvent leurs ex-camarades de label, les Beastie Boys (enfin les deux survivants, Mike D et Ad-Rock), accompagné­s de Run-DMC. Autres invités de poids, Ice-T et PMD sur “Smash The Crowd” dont la bruyante production signée C-Doc rappelle les très riches heures du Bomb Squad. Le légendaire DJ Premier pose ses beats fracturés sur “State Of The Union (STFU)”, dont les paroles d’une rare agressivit­é comparent Trump et son mandat à l’avènement d’Hitler (“Unpreceden­ted demented many presidente­d/ Nazi gestapo dictator defended”). Coup d’oeil dans le rétro : “Rest In Beats” se souvient de tous ces artistes hip-hop disparus, de Heavy D à Eazy E avec une mention spéciale à Prince, regrettant l’avènement de ce

“mumble rap” paresseux qui renonce au flow. Et le classique absolu de Public Enemy, “Fight The Power”, se voit offrir un traitement de choc avec un remix 2020 où viennent poser des légendes telles que Nas, Black Thought et Questlove des Roots. Pas de doute, cet album a un arôme eighties sans être passéiste. Le plaisir de réentendre la voix de stentor de Chuck D et Flavor Flav lancer ses “Yeah BOYIEEE” font de ce comeback inattendu un album idéal pour ceux qui aiment le rap US authentiqu­e, technique et politique. ✪✪✪1/2

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