Sharon Jones
Ces séances en famille, sans batterie, permettent à John Fogerty d’approcher certains classiques d’une façon plus détendue (et on peut supposer qu’il voulait que l’on puisse distinguer clairement chaque mot de “Fortunate Son”, que Trump faisait jouer à ses meetings...), mais c’est aussi une occasion de revisiter quelques pépites négligées de sa carrière solo et de reprendre Bill Withers et Steve Goodman. Sans le soutien des images, les interprétations perdent une partie de leur charme, mais Fogerty renoue avec une spontanéité qu’il avait un peu perdue depuis “Willie And The Poor Boys”, là où “Wrote A Song
For Everyone”, son album de duos de 2013, avait plus tendance à relever du rêve d’une équipe marketing. Ici, même s’il n’y a pas forcément de révélation, la famille Fogerty livre des versions sympathiques complétant bien le catalogue Creedence, plus artisanales que sorties de l’usine.
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FRANçOIS KAHN
“Just Dropped In (To See What Condition My Rendition Was In)”
Sharon Jones n’est plus là, et tout est pire désormais. Dans ses dernières années, son combat contre la maladie était devenu un motif supplémentaire d’affection et d’admiration, mais aussi l’objet d’une attention médiatique assez obscène. Même ambiguïté à la vision de l’émouvant documentaire “Miss Sharon Jones!” (2015), retraçant son retour à la scène après l’apparition de son cancer. La suite a conclu le triomphalisme consolant mais menteur du film ; le cancer est revenu, et l’a emporté. Les fans de Jimi Hendrix le savent, découvrir des inédits est un moyen comme un autre de faire ou de ne pas faire le deuil. Ce second album posthume ne figure certes pas parmi les plus essentiels, et le profane se tournera d’abord vers les vrais classiques que sont “100 Days, 100 Nights”, “I Learned The Hard Way”, ou “Give The People What They Want”. Il a en tout cas le mérite de rappeler la vitalité féroce du chant toujours bagarreur et gouailleur de la chanteuse. La reprise du “Signed, Sealed, Delivered I’m Yours” est parfaitement redondante mais splendide. On retrouve “This Land Is Your Land”, déjà présent sur son deuxième album, la meilleure relecture existante du standard de Woody Guthrie, aussi pertinent aujourd’hui qu’à l’époque. Jones était capable