THE BELMONDOS
Avec “Memory Lane”, leur troisième album, la formation parisienne propose une power pop de classe internationale.
CRÉÉ EN DÉCEMBRE 2007 par Luc Golfin (chant, guitare) avec Boris (guitare), Remi (basse) et Tom (batterie), les Belmondos gravent “Awesome Rumble” que Little Steven diffuse sur Underground Garage et qu’il inclut dans “The Coolest Songs In The World! – Vol.8”, faisant côtoyer la formation parisienne avec Pete Best ou David Bowie… Dès ce premier galop, les Belmondos affichent un désir de marier des choeurs très travaillés (pop) à une énergie garage (rock). Au EP succède l’album “Always Rumble !” (A Quick One, 2010). Séduit, Rock&Folk en extrait “A Second Longer” pour son trentième “Monster CD”.
Tribu exigeante et raffinée
Après un sérieux bouleversement interne, Luc Golfin, né en 1968, auteur, compositeur, chanteur, guitariste rythmique armé d’une Gibson Standard, parfois d’une Höfner, et d’un ampli Fender Blues Deluxe, reste le principal responsable d’une nouvelle mouture des Belmondos, désormais soutenu par Tristan (Telecaster, ampli Vox), Eliott (Fender Bass Precision 62, ampli Bassman) et Brian (batterie). Ils enregistrent “Good Mistakes” (2016) qui inclut “Have You Got Someone” présent sur la compilation américaine “International Pop Overthrow”. On y entend également “What Did We Do”, choisi pour “The Best Of 2017”, et qui bénéficie d’un amusant clip en noir et blanc tout à fait réussi — il est vrai que, parallèlement, Luc travaille dans le milieu du cinéma en tant que monteur. Ce qui explique peut-être le nom du groupe...
Quand ce n’est pas à la Cavern de Liverpool, les Belmondos se produisent dans les lieux rock de province et de la capitale,
Bus Palladium, Pop In, L’International, Supersonic, La Mécanique Ondulatoire, etc., parfois au même programme que leurs pairs tels Madcaps, Darlings ou Rest In Gale… En direct, ils font le bonheur des néo-mods et, plus largement, de tous les amateurs de power pop, une tribu exigeante et raffinée. Ils pratiquent peu l’exercice pourtant fondamental de la reprise, faisant une exception avec “Walk On By” (Burt Bacharach pour Dionne Warwick, 1964).
Back To Mono Records Studio, à Lyon, avec Christian Hierro, déjà producteur de The Buttshakers, The Rebels Of Tijuana, etc. Le résultat est confié au label du chanteur suisse francophone Alexis Kacimi, Pop Club Records. L’impatience des supporters atteint son paroxysme avec la diffusion de trois clips annonciateurs. Pour le romantique “By Your Side” la photographe Laetitia Prieur, fidèle collaboratrice, réalise dans le style nouvelle vague un long plan-séquence montrant un couple, Adeline et Charlie, habillé, fumant dans une baignoire vide. Le confinement inspire le tournage de “What For” en lieu clos, des toilettes, porte ouverte, et dans le couloir devant. Heureusement qu’en plus de la bonne humeur affichée par les musiciens, une belle mélodie donne sa pureté à cette chanson dotée d’un solo en fuzz et de choeurs caractéristiques. Autre solution, des images d’archives donnant un côté rétro qui correspond au titre général, “Memory Lane” (Rue des souvenirs). Montées avec rythme et humour, elles illustrent le très beau “Love Is All”. Pour qui pratique le délicat style poprock, les Beatles demeurent la référence suprême. Les Belmondos le démontrent avec cette pépite au titre lennonien mais à la musique maccartnéenne.
Par le biais de ces habiles clips, on découvre un album riche et attachant. Les Belmondos s’y montrent pleins d’entrain dès le premier morceau, “Get By”, avec sa distorsion, sa cloche, un solo psyché et, véritable signature, plusieurs pistes de voix. On peut même détecter une influence Turtles (des cadors en la matière) dans “Better Than Nothing”. Ils pratiquent avec le même aplomb le style britpop (“For Too Long”), sunshine (“Sunday Morning”) et savent se montrer romantiques (“Whatever You Do”).
HPAR JEAN-WILLIAM THOURY