Rock & Folk

PLASTIC BERTRAND

La sortie de “L’Expérience Humaine” marque le retour discograph­ique du bruxellois. Excellente raison de sortir des clichés que l’on colle facilement ici aux artistes qui ont eu le “malheur” d’avoir connu des tubes et de découvrir les disques fondateurs de

- RECUEILLI PAR JEAN-EMMANUEL DELUXE - PHOTOS WILLIAM BEAUCARDET

ALORS QUE SONIC YOUTH ET MEME METALLICA LE VENERENT. QUE ROBERT SMITH, QUAND IL VIENT JOUER A BRUXELLES, NE SOUHAITE RENCONTRER QUE LUI. Qu’il a fréquenté les Ramones, Andy Warhol et David Bowie. Ou encore qu’il est un spécialist­e de l’art contempora­in. Ce fan de Marcel Broodthaer­s (le Duchamp belge en plus rigolo) a même tenu une galerie. Il semblerait que certains cercles reprochent en France à l interprète de “Ça Plane Pour Moi” d’avoir par trop pactisé avec le diable de la popularité. Querelles de chapelles obsolètes quand on écoute cet album bien défini par sa pochette — réalisée par son fils — entre Kubrick et une foi inextingui­ble dans l’avenir de l’humanité. Jacno chantait “Je Viens D’Ailleurs”, Bowie jouait “The Man Who Fell To Earth”. Les deux, partis dans les étoiles et en attendant de les rejoindre, Plastic, l’extraterre­stre, fait voyager dans sa discothèqu­e.

Ridicule mais sexy

ROCK&FOLK : Premier disque acheté ?

Plastic Bertrand : Je viens d’une famille qui écoutait davantage Claude François qu’autre chose. A douze ans, j’ai vécu ma première révolte en disant : “Je veux écouter ma propre musique” et ce fut les Who. A l’origine, je rêvais d’être batteur, c’est pourquoi je suivais des cours de percussion­s à l’académie de musique de Bruxelles. Quand je suis tombé sur Keith Moon, j’ai pensé : “C’est ma vie, c’est ce que je souhaite faire !” Les Who parlaient de ma génération et pas de celle de ma soeur qui écoutait Cloclo. C’est le groupe qui amorce le punk qui va débarquer dix ans plus tard. Avec une petite fleur, puisque Pete Townshend a déclaré qu’il adorait

“Ça Plane Pour Moi ”. Avec le 45-tours “My Generation”, je suis passé du stade de l’adolescent gentil à celui de rebelle. Je ne voulais pas tout casser mais changer les choses.

R&F : Les Who représenta­ient une certaine violence... Plastic Bertrand : Deux ans plus tard, j’ai vu Pete Townshend fracasser sa guitare. Quel bonheur de voir des musiciens qui se plaçaient en dehors des stéréotype­s. C’est une génération où l’on ne voulait pas être comme ses parents. Alors qu’aujourd’hui, les jeunes veulent ressembler à leurs parents ou devenir plus riches qu’eux. Mon père écoutait les Choeurs de l’Armée rouge et Tino Rossi, avec qui j’ai quand même fait des télés (rires).

R&F : Quel est l’album qui marque pour vous l’explosion punk ?

Plastic Bertrand : Si tu écoutes le premier album des Ramones et mon premier groupe Hubble Bubble, tu te rends compte que nous partagions le même genre de son. Avec une envie identique de jouer un rock’n’roll basique, ridicule mais sexy. Les Ramones sont un groupe hyper léger qui a bien capté l’essence du rock. Aux Etats-Unis, “Ça Plane Pour Moi”, a été signé sur Sire Records, le label de Seymour Stein où tu retrouvais les Ramones, les Pretenders, Talking Heads et Blondie. C’était amusant de naviguer entre mon image bien lisse en France alors que l’on sortait comme des fous quand ils habitaient dans le Bowery, en face du CBGB !

R&F : Avez-vous rencontré tous ceux dont vous avez choisi les disques ?

Plastic Bertrand : Quasiment tous. En ce qui concerne les Who, j’avais participé à “Supercool”, une émission de télévision en

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