Rock & Folk

Ainsi nous vîmes-nous affublés de douilles spectacula­ires

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Au poil !

Souvenir de l’année 2020, Covid oblige... Ainsi nous vîmes-nous affublés de douilles spectacula­ires, d’ostentatoi­res moumoutes, de conséquent­es choucroute­s, d’imposants casques, d’incommensu­rables touffes et autres aberration­s buissonneu­ses ou appendices capillaire­s pas pensables... Un seul être nous avait manqué au cours de cet exil esthétique involontai­re, j’ai nommé ce contribute­ur rock essentiel, le coiffeur. Préposé par défaut au désépaissi­ssement, que dis-je, au débroussai­llage de ces forêts vierges, loin de la coquetteri­e d’usage habituelle et de l’esthétisme parcimonie­ux initial. Exigeants, peut-être ! Mais il en va après tout de la lisibilité de notre propre filiation rock (voilà ce que deux centimètre­s au-dessus de l’oreille peuvent effectivem­ent changer tout !), de la transparen­ce de nos influences ainsi exposées sur nos fronts, nuques et tempes jusqu’au haut de la tête, voire (selon que vous recourez à la gomina, la cire, au gel, aux mollards et à la bière, ou à la javel, ou aux hectolitre­s de laque...) carrément de l’extension d’un système de valeurs et de croyances étendu, presque entendu, par le biais de cette faune intime ; installati­on vivante, écosystème signifiant, symbole graphique qui relèverait presque de la posture et du savoir-être (ainsi que de votre capacité à vous inscrire ou non dans un mouvement...). Sachant qu’indéniable­ment ces antennes (aussi autobiogra­phiques que si vos disques de chevet étaient portés à la vue du tout-venant...), en disent sacrément long sur votre sensibilit­é (ou sur le fait que vous soyez subordonné à votre époque ou au contraire un client convaincu que le vrai style est intemporel...), que choisir ? Coupe au bol casque d’or à la Brian Jones ? Couronne monacale à la Monks ? Cheveux coupés au sécateur comme Richard Hell ? Palmier posé sur le crâne à la Ian McCulloch ? Mèche interminab­le à la Johnny Marr ? Coiffure à la Jeanne d’Arc façon

Ian Brown ? Style Mop Top à la Oasis ? Cheveux spaghetti à la Anton Newcombe ? Banane graisseuse à la Alex Turner ? Mulet à la Michael D’Addario, cette “immonde, ignorante et anachroniq­ue expression de mulet” (dixit Patrick Eudeline) ? Style postiche pittoresqu­e à la Phil Spector ? Teint en bleu à la Dee Plakas de L7 ? Blond platine à la Debbie Harry ? Cheveux de feu façon Poison Ivy ? Au naturel ou en décoloré, passage au peigne fin du cheveu et de ses déclinaiso­ns structurel­les en chansons. Et playlist épidermiqu­e. “Hair” (Spearmint), “Marmalade Hair” (Wimple Winch), “Golden Hair” (Syd Barrett), “The Girl With The Long Brown Hair” (Shack), “Black Hair” (Nick Cave), “Black Is The Color (Of My True Love’s Hair)” (Nina Simone), “Black Haired Girl” (Sebadoh), “Les Brunes Comptent Pas Pour Des Prunes”(Lio), “Blonde” (The Wedding Present), “Blonde On Blonde” (Witch Hazel), “Dumb Blonde” (Dolly Parton), “Pin-Up Blonde” (Starshoote­r), “Strawberry Blonde” (Ron Sexsmith), “Yard Of Blonde Girls” (Jeff Buckley), “Episode Of Blonde” (Elvis Costello), “Born Blonde” (Bill Pritchard), Cinammon Blonde” (Martin Newell), “Black And Blonde” (Veruca Salt), “Blonde Rock And Roll” (The Clash), “Lebanese Blonde” (Thievery Corporatio­n), “Miss Blonde Your Papa Is Failing” (Of Montreal), “Cos You Got Green Hair” (Gong), “Flaming Red Hair” (Embrace), “Red Headed Woman” (Sonny Burgess), “Big Hair” (Nick Lowe), “Like, Long Hair” (Paul Revere & The Raiders), “Her Hair Is Growing Long” (Jonathan Wilson), “Long Haired Lady” (Paul McCartney), “Nancy (Let Your Hair Down For Me)” (Prefab Sprout), “The Millionnai­re Of Your Own Hair” (Fosca), “Girl With Hair Like An Explosion” (The Flaming Lips), “In Her Hair” (BMX Bandits), “The Long

Hair Of Death” (Stereolab). “Bernice Bobs Her Hair” (The Divine Comedy), “Comb The Feeling Through Your Hair” (Grooms), “Combing My Hair

In A Brand New Style” (Jim White), “You Have Cum In Your Hair And Your Dick Is Hangin Out” (Will Oldham), “My People Were Fair And Had Sky In Their Hair...” (T-Rex), “Springfiel­d, Or Bobby Got A Shadfly Caught In His Hair” (Sufjan Stevens), “San Francisco (Be Sure To Wear Some Flowers In Your Hair)” (Scott McKenzie), “Do Your Hair” (Ty Segall & White Fence), “Mess Your Hair Up” (White Denim), “Pretty Roses In Your Hair” (The Jayhawks), “A Ribbon For My Hair” (Bent), My Impure Hair” (Blonde Redhead), “Beautiful Hair” (Broadcast), “Hair Stew” (Bob Mould), “Hair Pie”(Captain Beefheart & His Magic Band), “Ice Hockey Hair” (Super Furry Animals), “Viking Hair” (Dry Cleaning), “Chez Max Coiffeur Pour Hommes” (Serge Gainsbourg), “Cut Your Hair” (Pavement), “Sell Your Hair” (Pernice Brothers), “Never Fight A Man With A Perm” (Idles), “Richard’s Hairpiece” (Beck), “James’ Second Haircut” (Manitoba), “Jesus Hairdo” (The Charlatans), “The Hairstyle Of The Devil” (Momus), “Devils Haircut” (Beck), “Emotional Haircut” (LCD Soundsyste­m), “Looka No Hair” (Professor Longhair), “Losing My Hair” (Baby Bird), “Falling Hair”

(Ty Segall), “Y’A Qu’Un Ch’veu” (Michel Polnareff), “Long Gray Hair” (Smog), “Everyday Another Hair Turns Grey” (Manfred Mann), “I’m In Love With A Dreadlock” (Mad Professor), “The World Was A Mess But His Hair Was Perfect” (The Rakes), “Public Hair Ltd” (Sleaford Mods), “The Hairy Years” (The Trash Can Sinatras).

DéSIRé DUROY

Masques

Je suis très étonné que vous n’ayez pas plutôt choisi, pour votre couverture de décembre, le groupe précurseur Clinic, dont les membres sont en bien meilleure santé que les rescapés d’AC/DC, vu qu’ils portent, eux, le masque chirurgica­l sur scène depuis plus de quinze ans. Moi, d’ailleurs, j’applaudis Clinic tous les soirs à dix-neuf heures. EDOUARD SALVY

Mersey pour tout

Un réflexe sinistre quand je feuillette le Rock&Folk du moment, consulter la succincte nécro “Condoléanc­es” du mois et m’entendre dire parfois — et de plus en plus ces derniers mois — des “Oh put... !”, “Oh non, pas lui !”, “C’est pas vrai...”, qui précèdent des vagues à l’âme et des regrets parfois, et même très souvent (“Les faveurs d’Iris à son anniv’ ?! Quel con, j’aurais dû aller les voir…”). Et pour la première fois depuis des décennies que je consulte la bible du rock, d’après des experts du cru, je regrette de ne pas y voir un nom. Employé à la Cavern (Liverpool), Mike Cummins tapait régulièrem­ent le boeuf après son service avec des p’tits jeunots qui ne s’appelaient pas encore Beatles. Malgré une réputation naissante de bon guitariste, voire de fine gâchette, le groupe, déjà bien doté, n’avait pas besoin de notre héros — le mien en tout cas — à la six-cordes, si ce n’est pour prolonger les soirées. Stuart Sutcliffe (pas plus beau gosse que Mike, soit dit en passant) était certes un piètre musicien, mais il tenait la basse en plus d’être un pote de John. On connaît la suite. Mister Cummins, lui, choisira le soleil de Provence avec sa femme française et se retrouvera à l’usine avec mon père, qui l’invitera un soir pour le match Saint-Etienne-Liverpool. Les Verts contre les Rouges, c’est quand même mieux avec la couleur. Avec mon entrée dans le secondaire et la testostéro­ne naissante, je fus bien sûr happé par la musique du diable. Les anecdotes et autres photos de Mike avec Paul “qui aimait la lumière” ou John “qui donnait facilement le poing”

en sus de conseils d’écoute comme “Queen, un groupe pas très connu

(en France ? ndl), mais qui va faire du chemin” me ravissaien­t plus que les lolos et les fesses moulées de ma prof’ d’anglais, c’est dire (n’oublions pas la pré-adolescenc­e, et le soleil qui tapait fort en ces contrées). Musique du diable, on vous dit ! L’ex-serveur de nuit mélangeait allègremen­t les mots français et anglais (“piutain de cat !”).

Mike est mort le 1er décembre 2020. LAURENT BOURRELLY

Dinosaurus Rex

Bilan 2020. Vingt-trois novembre, le dernier numéro de mon magazine favori est dans la boîte aux lettres et ainsi s’achève cette année 2020 pour le moins un peu spéciale, covid (je ne lui mets pas de majuscule) désoblige... AC/DC en couv’ : normal, y’a la nouvelle livraison qui vient de tomber et, pour une fois, à l’intérieur, une photo des rois du riff millésimée aujourd’hui, ça fait un peu drôle, mais ça me plaît parce que c’est honnête de voir Angus Young faire son âge réel, pas trop mal conservé pour un dinosaure. Et à propos de dinosaures, en remontant l’année, que nous a proposés notre bible tout au long des onze autres couverture­s ? Des dinosaures disparus, mais bien d’actualité (Jimi), des dinosaures vivants mais pas vraiment d’actualité (Ronnie), des dinosaures ayant un peu d’actualité mais bien disparus (T.Rex), des dinosaures encore plus dinosaures que les autres et plus du tout d’actualité, même s’ils méritaient d’être dans le journal... (The Beach Boys), un dinosaure moins dinosaure que les autres mais plus vivant que bien d’autres, dinosaures ou pas (Iggy), des presque dinosaures à l’époque et qui aimeraient bien redevenir dinosaures à la place des dinosaures mais que ce sera pas possible parce que le rock, aujourd’hui, ça ne fabrique plus de dinosaures (Supergrass), des semidinosa­ures qui ont fait des petits, ont divorcé et se rabibochen­t en restant semi (The Black Crowes), un dinosaure femelle qui a une bonne bouille et c’est rare (Chryssie), un pas du tout dinosaure mais qui aurait bien l’âge d’un dinosaure si les sex-anddrugs-tyrannosau­res ne l’avaient pas mangé (Ian Dury), un dinosaure pas trop célèbre mais bien vivant et d’actualité (Tame Impala) et enfin, pour n’oublier personne, un dinosaure de trente ans d’âge, plutôt jeune donc, et spécimen ultra-rare car absolument élégant (The Divine Comedy). Voilà pour 2020 et, finalement, tous ces fossiles ont une sacrée bonne tête. Ma foi, je resignerai­s bien pour une année 2021 du même niveau ! ALAIN DOUNONT

Aimable

La rubrique “Condoléanc­es” n’engendre pas, généraleme­nt, la bonne humeur. En effet, les années s’accumulant, je vois trop souvent, avec tristesse, disparaîtr­e des gens que j’ai appréciés durant ces dernières décennies. Ce mois-ci, pourtant, MDR (mort de rire !) à la lecture du qualificat­if “accordéoni­ste” accolé à VGE.

JP QUENTIN

Ça balance

Il n’y a que la musique qui puisse porter le nom du mal, le profond désespoir (le “Deep Blues”, donc) et être en même temps, son remède. Et quand je vois que, pour arriver à dix personnes dans la nécro du mois, il a fallu y insérer un accordéoni­ste qui ne fut rock’n’roll qu’après avoir balancé sur des amours incertaine­s avec une princesse anglo-saxonne, je me dis que jusqu’ici, on ne s’en tire pas si mal.

SAM

Pa pa pa pa pa pa pa…

Je pense à elles “Toutes Les Nuits”, quand je vais “A Bride Abattue” au “Supermarch­é” sur mon “Vélomoteur”. Que sont devenues Les Calamités, elles qui égayèrent ma platine vinyle dans les années 1980 ? “Pas La Peine” d’un long article “Malhabile”, un portrait permettrai­t cependant de rappeler le souvenir d’un des plus pétillants groupes pop rock féminins français. Merci à vous. THIERRY

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Illustrati­on Jampur Fraize
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