Arlo Parks
“Collapsed In Sunbeams”
TRANSGRESSIVE/ PIAS
Paix et amour par ici. Après deux EP, “Super Sad Generation” et “Sophie”, Arlo Parks met à nu sa vulnérabilité sur un premier album enregistré en 2020, l’année où la musique s’est arrêtée. Celle de la quarantaine, dure à vivre quand on a la vingtaine. Bien consciente de vivre un rêve éveillé virant parfois au cauchemar, la chanteuse et compositrice anglaise s’émerveille des belles choses de la vie et avance sur un petit nuage. Les yeux grands ouverts et pleins de larmes, elle met coeur et âme à l’ouvrage avec une voix calme et d’une tendre tonalité qui panse les plaies. La soul élégante et méditative d’Arlo Parks évoque Tracy Chapman et Portishead, Billie Eilish plus près de nous, pour donner des pistes. Née dans sa chambre, chez ses parents où elle habite toujours, ses chansons gracieuses, nostalgiques et poignantes se justifient. En proie à la solitude et à l’anxiété, la compositrice explore sur cet album tous les thèmes du trauma. Ses instantanés de l’époque ultra morose parlent de dépendance (“Hurt”), de dépression (“Black Dog”), de bisexualité et d’amour non réciproque (“Eugene”), mais surtout de notre crise de la santé mentale. Accompagné d’un bon groupe sans problème, l’artiste délivre une musique bleue pleine d’émotion qui donne à l’auditeur l’impression de nager dans la mer une fois la nuit tombée. Un style qui ne revendique ni genre ni race, et réussi, émaillé de chansons pleines de chair et de petits joyaux, le captivant et équilibré “Collapsed In Sunbeams” tient du miracle ordinaire. Un véritable espoir de vaccin au chagrin environnant. ✪✪✪✪