Rock & Folk

Delvon Lamarr Organ Trio

“I Told You So”

- BERTRAND BOUARD

COLEMINE RECORDS/MODULOR

Un homme donne un coup de poing, tout seul, à l’orée d’un tunnel qui pourrait se trouver dans n’importe quelle ville américaine. L’esthétique de la pochette, un noir et blanc magnifique, avec le nom des musiciens affichés sur le recto, lorgne vers celle du label Blue Note dans la deuxième moitié des années soixante, mais c’est plutôt du côté de Memphis, à la même époque, que le Delvon Lamarr Trio semble s’enraciner. Les cocottes du guitariste Jimmy James, les chaloupés de l’organiste (Delvon Lamarr) et les patterns du batteur Grant Schroff ressuscite­nt la soul funky de Booker T & The MG’s, voire celle, plus épicée, des Meters de la Nouvelle-Orléans (sans les syncopes en tous sens de la grosse caisse). Aucun passéisme, juste la jubilation de renouer avec une formule (orgue-guitare-batterie) qui ne souffre aucune médiocrité. A trois, il s’agit d’être précis, “serré”, tout en laissant les espaces nécessaire­s, et nos compères s’y entendent comme larrons en foire, coulissant l’un par-dessous l’autre, faisant front quelques mesures avant de laisser l’un d’eux prendre les devants — l’infernale machinerie de “Right Place, Right Time”, où les gaillards semblent être six, ne se laisse pas décrypter facilement, même après des écoutes répétées. Pléthore de riffs irrésistib­les (“Hole In One”, “Call Your Mom”), de thèmes mémorables (“Girly Face”), un guitariste aux solos fluides et constammen­t dans le groove, lâchant les chevaux au besoin (“Fo Sho”), un organiste plus jazzy, aux ondulation­s onctueuses, dans la lignée de Reuben Wilson ou Baby Face Willette. Fidèle à la tradition de la reprise instrument­ale, le trio tire même la substantif­ique moelle du “Careless Whisper” de George Michael, dont il enjolive chaque nuance de la belle — il faut bien l’avouer — mélodie. Trois hommes précieux, et un début d’année groovy. ✪✪✪✪

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