Matthew Sweet

“Catspaw”

OMNIVORE RECORDINGS

Matthew Sweet vient d’un autre monde. Voire d’une réalité parallèle où Television serait le plus grand groupe du monde. Dès le premier titre de son nouvel album, “Blown Away”, on retrouve cette écriture de chansons anguleuses et ces guitares en vrille qu’on croyait perdues à tout jamais. Pas étonnant venant d’un garçon qu’on avait découvert en 1989 avec “Earth”, superbe album produit par Fred Maher, sur lequel Robert Quine (The Voidoids, Lou Reed) et Richard Lloyd (Television) se partageaient les guitares... Soit, à l’époque, la bande de potes qui accompagnait Lloyd Cole dans sa nouvelle vie new-yorkaise. Tous ces gars qui allaient — croyait-on dur comme fer — sauver un rock qui tournait mal... Sweet a continué avec les mêmes et produit un chef-d’oeuvre, “Girlfriend”, puis on a un peu perdu sa trace, de petits labels en projets indé tout à fait respectables mais souvent confidentiels, comme ses duos avec l’ex-Bangles Susanna Hoffs. Le revoilà, et c’est comme si rien n’avait changé. “Give A Little” est une petite perle mélodique avec ses guitares saturées, millésimées, entre pop et rock, comme du grand Buzzcocks. On dit power pop chez les aficionados Le défaut de ce genre qui n’a jamais eu aucun succès, du moins par chez nous ? Un son trop uniforme, des refrains répétés à l’infini, le tout parfait, mais fatigant à la longue. C’est le problème de la power pop, une musique trop calibrée. Qui s’inspire pourtant des Beatles, qui ne l’étaient pas, loin de là... C’est trop beau ! On veut du défaut, du raté, du crado, du bringuebalant ! On veut Big Star ! Pas ELO ! ✪✪✪