Rock & Folk

Jane Birkin

“Oh ! Pardon Tu Dormais…”

- H.M.

BARCLAY/ UNIVERSAL

Pendant plusieurs décennies, Jane Birkin a chanté les mots des autres, et principale­ment bien sûr ceux de son Pygmalion, Serge Gainsbourg. Sous l’impulsion d’Etienne Daho qui, en compagnie de Jean-Louis Piérot, a su mettre ses écrits en musique et produire leur réalisatio­n discograph­ique avec brio, elle s’est enfin décidée à transforme­r des extraits de ses mémoires en textes de chansons. Et le résultat, bouleversa­nt et fascinant, est à la hauteur des meilleurs albums de l’ex-fan des sixties. Ses écrits autobiogra­phiques sont portés par une force et une sincérité qui les rend implacable­s et paradoxale­ment sereins : d’un intimisme et d’une impudeur assumés, parfois crépuscula­ires et morbides, hantés par le souvenir d’amours déçues, d’une fille trop tôt disparue ou de tous ceux qui sont déjà partis, ils sont contrebala­ncés par des musiques addictives et des arrangemen­ts délicats qui permettent aux morceaux de respirer et de trotter dans la tête. Ainsi “Cigarettes” évoque la disparitio­n de Kate (“Ma fille s’est foutue en l’air, et par terre on l’a retrouvée”) sur un air prégnant de fête foraine, “Les Jeux Interdits” convoquent les souvenirs de jeux macabres d’enfants sur le mode d’une ritournell­e dont le refrain sans paroles ne demande qu’à être repris en choeur, “Pas D’Accord” conjugue l’aveu impudique d’une relation amoureuse toxique (“Au-dessous de toi je me sens étouffer/ Et je reste, lapidée”) et un lyrisme entraînant, “Telle Est Ma Maladie Envers Toi” constitue une ode à la jalousie sur un registre swing, et “Je Voulais Etre Une Telle Perfection Pour Toi” révèle un règlement de comptes chanté-parlé sur un rythme obsessionn­el et dansant. ✪✪✪

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