Neil Young
“AFTER THE GOLD RUSH – 50TH ANNIVERSARY EDITION”
Warner/ Reprise
En attendant la parution de “Archives
Vol. II”, une Arlésienne sans cesse repoussée, voici la réédition de “After
The Gold Rush”. Pour cette version anniversaire, Neil Young ne s’est pas foulé : comme inédits, il propose deux versions du sympathique “Wonderin’ ”, dont l’une était déjà disponible sur “Archives Vol. I”. Mais il était temps de ressortir ce chef-d’oeuvre en version remasterisée, tant la version CD (un format que Young a toujours détesté) initiale était vraiment médiocre… La schizophrénie musicale de Neil Young est ce qui fait sa grandeur et sa richesse : il a toujours hésité entre rock (“Tonight’ The Night”, “Zuma”, “Rust Never Sleeps”, “Ragged Glory”) et folk (“Harvest”, “Comes A Time”, “Old Ways”, “Harvest Moon”), ce qui en fait le champion de ce magazine. Dans cette seconde catégorie trône, juste avant “Harvest”, “After The Gold Rush”, paru en 1970. C’est une époque d’intense créativité : après les beautés de Buffalo Springfield, il sort un très bon premier album, sous-estimé, puis enfonce le clou avec le grand “Everybody Knows This Is Nowhere”, après quoi il est enrôlé par David Crosby, Graham Nash et Stephen Stills, le quatuor cartonnant avec “Déjà Vu”, qui transforme les protagonistes en stars planétaires. Mais Young ne compte pas arrêter sa carrière solo, et enchaîne directement avec “After The Gold Rush”, dont les chansons auraient été inspirées d’une pièce de Dean Stockwell. C’est un album principalement acoustique, à l’exception de quelques titres rock comme “When You Dance I Can Really Love” ou le fameux morceau polémique “Southern Man”, auquel Lynyrd Skynyrd répondra via “Sweet Home Alabama”. Le disque est réalisé avec la première version de Crazy Horse (Danny Whitten, qui décédera plus tard, Ralph Molina et Billy Talbot), augmentée de Nils Lofgren (principalement au piano), et Stephen Stills, qui participe aux harmonies divines. En réalité, “After The Gold Rush” est un album fondamentalement hippie, mais Neil Young étant Neil Young, nous ne sommes pas dans le genre hippie niais. Introspectif, tendre, fragile, “After The Gold Rush” montre les capacités de songwriter du Canadien, plus encore que sur ses deux albums précédents. Chaque morceau est un classique. “After The Gold Rush”, “Don’t Let It Bring You Down”, “Only Love Can Break Your Heart”, “Cripple Creek Ferry”, “Tell Me Why”, et deux chansons comptant parmi ce qu’il a écrit de plus beau : “Birds” et “I Believe