Rock & Folk

Sept jours sur sept dans des bars à marins

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Le Spencer Davis Group a été un des grands artisans du British Beat qui, en 1964, a conquis les Etats-Unis à la suite des Beatles et des Rolling Stones. Décédé le 19 octobre 2020 à Los Angeles, SPENCER DAVIS en était le fondateur.

Né le 17 juillet 1939 à Swansea, Pays de Galles, Spencer David Nelson Davies commence, dès six ans, son initiation musicale par l’harmonica et l’accordéon. Sous l’influence du skiffle, du rock’n’roll et du blues de Big Bill Broonzy, Leadbelly et Alexis Korner, il adopte la guitare comme instrument principal. En 1960, il est lecteur d’allemand à l’université de Birmingham. A la même période, il joue avec les Saints, dont le bassiste est Bill Wyman puis, en 1962, en duo avec la chanteuse et pianiste Christine Perfect. En août 1963, après un concert solo au Golden Eagle de Birmingham, Spencer Davies découvre le Muff Woody Jazz Band des frères Winwood : Muff, basse et Stevie, lead guitare, piano, chant. Très vite, avec le batteur Pete York, le trio forme le Rhythm And Blues Quartet, repéré par le producteur Chris Blackwell, qui devient leur manager. Ayant pris le nom de Spencer Davis Group, ils passent une audition, cinq titres, pour Decca, mais Blackwell les incite à choisir Fontana, un souslabel de Philips, et pour les éditions Island, sa maison de disques à cette époque spécialisé­e dans les imports jamaïcains. Le premier 45 tours, “Dimples”, une reprise de John Lee Hooker, passe inaperçu en mai 1964. Les trois suivants, “I Can’t Stand It”, “Every Little Bit Hurt” et “Strong Love” sont des succès mineurs. On retrouve ces singles sur l’album “Their First LP” en juillet 1965. Tout change avec la parution en novembre 1965 de “Keep On Running”, une compositio­n du chanteur jamaïcain Jackie Edwards, qui atteint la première place au RoyaumeUni et le Top 100 US. “The Second Album”, paru en janvier 1966, culmine à la troisième place.

Performanc­e renouvelée en 1966 avec deux autres reprises de Jackie Edwards, “Somebody Help Me” et “When I Come Home” suivies par l’album “Autumn’ 66” en août.

Les succès se prolongent avec “Gimme Me Some Lovin’ ”, signé des deux Winwood et de Davis en octobre 1966, et en janvier 1967, “I’m A Man” de Stevie Winwood et du producteur Jimmy Miller, une chanson différente du “I’m A Man” de Bo Diddley. Ces deux morceaux emblématiq­ues donnent leurs titres aux deux premiers albums américains en 1967. La réussite du Spencer Davis Group a grandement reposé sur Stevie Winwood qui, à seize ans en 1964, pouvait chanter comme Ray Charles. Son départ en avril 1967,

couplé avec celui de Muff, est une énorme, voire irremplaça­ble perte pour la formation de Birmingham, Stevie créant Traffic avec le batteur Jim Capaldi, le guitariste chanteur Dave Mason, ancien roadie du Spencer Davis Group, et le flûtiste saxophonis­te Chris Wood. De son côté, Muff devient producteur pour Island. Spencer Davis et Peter York recrutent alors Eddie Hardin, claviers, chant, Charlie McCracken de Taste, basse, et Phil Sawyer, précédemme­nt guitariste des Cheynes, des Fleurs De Lys et de Shotgun Express : “With Their New Face On” (1968), dont deux morceaux entrent dans le Top 40, “Time Seller” et “Mr. Second Class”. Sur la BO du film de Clive Donner “Here We Go Round The Mulberry Bush” (“Trois Petits Tours Et Puis S’En Vont”) en 1968, Traffic interprète trois titres et le Spencer Davis huit. Ray Fenwick remplace Phil Sawyer. Après une première séparation, Davis sort deux albums et le duo Hardin et York trois avant la reformatio­n de 1973. A partir de 2002, Spencer Davis, qui s’est aussi occupé de la promotion d’artistes Island comme Bob Marley et Robert Palmer, relance le groupe, essentiell­ement pour des concerts avec Eddie Hardin et différents guitariste­s dont Miller Anderson. Par la suite, il collaborer­a avec des formations de blues rock, Downchild Blues Band et le Classic Rock All Stars. une ville du Dorset, proche de Bournemout­h. Pendant sa scolarité, il se lie avec Robert Fripp avec qui il joue en 1961 dans les Ravens. En 1963, les deux amis se retrouvent dans League Of Gentlemen, un groupe formé à Bournemout­h par Fripp avec le chanteur Tony Head. En 1965, Gordon apprend que les Fleur De Lys cherchent un nouveau bassiste. Créé à l’automne 1964 à Southampto­n, Fleur De Lys a sorti un premier 45-tours sur Immediate en novembre 1965, “Moondreams”, une reprise de Buddy Holly/ “Wait For Me”, une compositio­n de Jimmy Page également producteur du disque. L’échec commercial a provoqué le départ du bassiste. En même temps que Gordon Haskell arrive Phil Sawyer des Cheynes en tant que lead guitare, Frank Smith passant au chant, l’organiste (Hammond) Alex Chamberlai­n et le batteur Keith Guster étant restés. Cette formation est choisie pour assurer une série de vingt-six dates en Allemagne, à Witten et à Dortmund. Lors d’un concert, Chamberlai­n casse son orgue et quitte le groupe avant l’enregistre­ment produit par Glyn Jones de “Circles”, un morceau des Who. Paru en mars 1966, “Circles”, avec un riff de guitare ravageur, est une des références du freakbeat, mêlant rock, rhythm’n’blues et début du psychédéli­sme avec l’utilisatio­n maximale des pédales d’effets. En juin 1966, Pete Sears, clavier, les rejoint, puis c’est au tour du chanteur Chris Andrews de remplacer Frank Smith pour “Mud In Your Eye” en novembre 1966. A partir du 25 octobre, dans les studios Kingsway avec Hilton Valentine, guitariste des Animals, à la production, les Fleur De Lys enregistre­nt trois titres dont “Amen” des Impression­s. Chas Chandler, bassiste des Animals, a amené sa futur star Jimi Hendrix, qui partage un temps la même adresse que Haskell, pour réaliser des overdubs. Malheureus­ement, l’acétate et les bandes ont disparu. Début 1967, Phil Sawyer rejoignant Shotgun Express, puis le Spencer Davis Group, Bryn Haworth est le nouveau soliste. Parti en avril 1968, Gordon Haskell cède sa place à Tago Byers des Moquettes. Après un dernier 45-tours psychédéli­que, le groupe se sépare en 1969. Après un transit par les Flowerpot Men et Cupid’s Inspiratio­n, “Yesterday Has Gone” (1969), Gordon Haskell enregistre un premier album sous son nom en 1969, “Sail In My Boat” sur CBS, qui ne se vend absolument pas. En janvier 1970, Robert Fripp lui propose de chanter sur un titre, la ballade “Cadence And Cascade”, de “In The Wake Of Poseidon” (1970) de King Crimson, puis de devenir un membre permanent à la basse et au chant après le départ définitif de Greg Lake. A l’exception de “Prince Rupert Awakes” par Jon Anderson, il est présent sur tous les titres de “Lizard” qui paraît le 10 décembre 1970. Seul gros problème, Haskell aime le blues, la soul et le jazz, s’imaginant en crooner, mais déteste le rock progressif et les traficotag­es de voix. Préférant se concentrer sur sa carrière solo, il signe en 1971 chez Atlantic pour l’album “It Is And It Isn’t”. Il accompagne Cliff Richard, Tim Hardin et, en 1978, participe à un album du groupe japonais Joe avec Minoru Muraoka. Datant de 1979, l’album “Serve At Room Temperatur­e” est resté dans les tiroirs jusqu’à une parution japonaise en 1997. Très endetté, sans contrat, déçu par le business, il s’installe en 1984 au Danemark où il se produit sept jours sur sept dans des bars à marins, soûls de préférence. De retour en Angleterre, il continue à écumer les bars, les pubs et les petits clubs du pays. En 1990, il sort un nouvel album, “Hambledon Hill”, plus ou moins autoprodui­t, mais le distribute­ur fait faillite. Il sera réédité par Voiceprint en 1992 en même temps que “It’s Just A Plot To Drive You Crazy”. A la fin des années 1990, avec Robbie McIntosh, guitariste et bassiste, entre autres pour les Pretenders et Paul McCartney, il réalise “All In The Scheme Of Things”, puis “Look Out” pour lequel il a demandé des sessions à l’ancienne, en live sans overdubs. Grâce aux programmat­ions radio, la chanson “How Wonderful You Are” atteint la deuxième place des charts UK, se vendant à plus de 400 000 exemplaire­s. EastWest/ Warner lui offre un contrat en millions de dollars. Toutefois, après “Harry’s Bar”, pourtant un succès en Europe, EastWest rompt le contrat après une déclaratio­n de Haskell traitant le directeur du label d’androïde et d’incompéten­t. “The Lady Wants To Know” est un album consacré aux chansons de Michael Franks. En 2005, il publie une autobiogra­phie, “The Road To Harry’s Bar”, avant de vivre huit ans sur l’île de Skopelos, en Grèce. Alors qu’il est revenu sur sa terre natale, son dernier album paraît en 2020.

Peu connu en France, GoRDoN hASKELL a eu un parcours des plus étonnants. Bassiste, guitariste, chanteur ET COMPOSITEU­R, IL fiT PARTIE de Fleur De Lys, un des grands groupes mod et freakbeat au même titre que les Who, The Small Faces ou The Action, avant de rejoindre King Crimson, de galérer pendant vingt ans ET ENfiN DE RENCONTRER UN succès inespéré en 2002.

Décédé des suites d’un cancer le 15 octobre 2020, Gordon Hionides était né le 27 avril 1946 à Verwood,

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