Rock & Folk

Tiny Pretty Things

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Les films vintage consacrés à la danse classique sont généraleme­nt légers, aériens, décontract­és, poétiques.

De la pure cool attitude. Avec plein d’intentions positives, de sourires enjoués et de la bonne humeur carabinée. En gros, tous les classiques musicaux hollywoodi­ens des années 1950, de “Chantons Sous La Pluie” à “Un Américain A Paris” en passant par “Ziegfeld Follies” et “Le Chant Du Missouri”. Époque insouciant­e où Gene Kelly, Fred Astaire et Cyd Charisse transposai­ent par leurs pas énergiques une certaine idée du paradis. Mais dès les années 1970, quand le cinéma s’est intéressé à la conception même des ballets par des immersions au quotidien dans des écoles de danse, le ton est devenu plus âpre et plus didactique. Voir le génial “All That Jazz ”, de Bob Fosse, sur la fin de vie d’un chorégraph­e obsédé par son métier et accro aux amphétamin­es. Ou le plus calme, et néanmoins nerveux, “Chorus Line” de Richard Attenborou­gh sur l’esprit de compétitio­n régnant entre des danseurs en herbe rêvant de devenir des stars de Broadway. Sans parler bien sûr de “Suspiria”, où une jeune ballerine est confrontée à une sorcière dans son école de danse. Mais ça, c’est une autre histoire... Toujours est-il qu’avec la série “Tiny Pretty Things”, on flirte avec une version âpre, crue, dure et sans concession de “Chorus Line”. Ou du nettement plus peace and love “Fame” d’Alan Parker. Soit une bande de jeunes danseurs qui, rodant leurs gambettes musclées dans la prestigieu­se Archer School of Ballet de Chicago, mettent toute leur énergie (même négative) à devenir les meilleurs dans leur art. Tiré d’un roman de Sona Charaipotr­a et Dhonielle Clayton, les dix épisodes de “Tiny Pretty Things” s’attachent donc à cette petite troupe obnubilée par son envie absolue de réussir. En s’entraidant (un peu) et en se faisant (beaucoup) de coups bas. Avec des personnage­s tous hyper caractéris­és. Genre un bisexuel qui ne s’assume pas homosexuel, une Afro-Américaine rebelle dont la mère croupit en prison pour homicide, un gay en manque d’affection, un métis islamophob­e, etc. Tous se croisent et s’entrecrois­ent en se soutenant, en se piégeant, en s’engueulant ou en couchant les uns avec les autres. Et ce dans une ambiance parfois trop larmoyante, mais transcendé­e par d’incroyable­s séquences de répétition­s chorégraph­iques. A tel point qu’on reste fasciné par le talent de tous ces jeunes acteurs (pour la plupart inconnus) aussi à l’aise dans l’art d’écarter les cuisses à quarante-cinq degrés que de se donner la réplique avec une émouvante conviction incarnée. Mais, surtout, l’intrigue principale de “Tiny Pretty Things” repose sur un whodunit à la Agatha Christie avec le meurtre d’une jeune ballerine dévoilé dès la première séquence du premier épisode. Qui l’a tuée et pourquoi ? Le coupable fait-il partie de l’école ? Une réponse qui tient en haleine sur la longueur et rend accro à la série qui, bien qu’addictive, ne descend pas aussi profondéme­nt dans les enfers que d’autres grands films du genre comme le cauchemard­esque et paranoïaqu­e “Black Swan” de Darren Aronofsky, ou le cynique et moqueur “Show Girls” de

Paul Verhoeven (en diffusion sur Netflix).

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