Rock & Folk

Le colchonero et la jeune fille timide

- VINCENT TANNIèRES

“La mode, c’est ce qui se démode”, écrivait Jean Cocteau. La mode est par essence éphémère, versatile. Les porte-clés, les badges et les pin’s ? Balayés. Des babioles qui paraissaie­nt pourtant, à certains, primordial­es. Des must have. Dégagés par une nouvelle hype. Passons sur le Walkman, la cassette, le Minitel ou le magnétosco­pe… Il en est des objets comme de la télévision.

Des émissions immanquabl­es — Les Guignols De L’Info, Le Petit Rapporteur, La Caméra Invisible, Le Monde De L’Accordéon — vlan, dans la grande poubelle des souvenirs ! Délicieux, parfois. Les lectures et les programmes pour mômes ? Pareil ! “Pif Le Chien” ou “Le Club Des Cinq”, Le Manège Enchanté, Bonne Nuit Les Petits, Les Shadoks, La Maison De Toutou, Kiri Le Clown, Flipper Le Dauphin, Goldorak, le gros Casimir, Brok et Chnok ? Récré A2 ? — liste forcément non exhaustive, c’est selon l’âge —, remplacés ! Les expression­s branchées (rien que celle-ci) d’une époque, “Tu m’étonnes”, “J’t’dis pas”, “Les boules” balayées par d’autres comme “Pas de soucis”, “Swag”, “Lol” ou “Mdr”, déjà datées. Sans parler du verlan mal maîtrisé. Des animateurs télé que l’on croyait indéboulon­nables, remerciés : où es-tu Patrick Sabatier ? Que fais-tu Jacques Pradel ? Et Danièle Gilbert ? Et Jean-Pierre Descombes ? Même Jean-Pierre Pernaut…

Les scandales politiques ou les faits divers n’échappent pas à cette règle. Benalla, Balkany, Dupont de Ligonnès ont monopolisé un temps les chaînes d’informatio­n. Puis furent détrônées par les vaccins, des épidémiolo­gistes, des chefs de service… Côté penderie (ou dressing, encore une question d’époque), n’en parlons pas. Les poulaines furent à la mode et la fraise tendance. La canne et le canotier, incontourn­ables, le pantalon patte d’eph’, un must, celui de cuir à lacets ou à pinces, carrément bien vu. L’anneau à l’oreille, idem. Le survêtemen­t a perduré et les Chuck Taylor sont revenues. Gamin, nous portions des anoraks contre notre gré. Depuis, pire, c’est la doudoune qui est de mise. Doudoune ! Ce mot quoi ! Déclinée aujourd’hui en gilet. Sans manches. Portée par des commerciau­x. Ou des camelots sur les marchés. Même le K-Way, qui était une sorte d’humiliatio­n, est devenu tendance.

Il en est de même, bien sûr, pour notre musique, à la différence que les morceaux demeurent. Pour toujours. Avec la même charge émotionnel­le qu’à leur découverte. Ce coup dans le ventre…

The White Stripes, ce mois-ci.

Jack et Meg furent très tendance, omniprésen­ts, incontourn­ables, à la mode, donc. En trois couleurs.

Blanc, noir et rouge. La Trichromie Ancestrale.

Comme frère et soeur, puis mari et femme.

Couple amoureux. Ou profession­nel. Ou les deux.

Comme d’autres.

Comme Yves Mourousi et Marie-Laure Augry. Thierry Roland et Jean-Michel Larqué, Fred et Jamy. Comme Batman et Robin, Spirou et Fantasio, Tif et Tondu, Tanguy et Laverdure… Comme Satanas et Diabolo, Titi et Grosminet, Bip Bip et Vil Coyote… Comme Laurel et Hardy, Starsky et Hutch, Jonathan et Jennifer (les justiciers milliardai­res)… Comme Castor et Pollux ou Romulus et Remus. Comme Mario et Luigi. Comme Simon et Garfunkel, Ike et Tina, NTM aussi, Sonny And Cher, … Tant d’autres. Comme Tristan et Iseut dans le cas présent.

Ou Bonnie et Clyde.

Vincent Hanon raconte la légende du duo, magistrale­ment ! Nous l’imprimons.

Que penser des White Stripes aujourd’hui ?

Où étions-nous quand est sorti “Seven Nation Army” ? Est-ce un souvenir de stade ou de beuverie ?

Ou des deux ?

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