Rock & Folk

Les troisièmes hommes

Dave Buick et Ben Blackwell se souviennen­t des débuts du duo, évoquent Jack White, Third Man et donnent des nouvelles de Meg. Interview. Recueilli par Vincent Hanon

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FIN JANVIER, UNE VISIOCONFÉ­RENCE EST ORGANISÉE AVEC LA GARDE RAPPROCHÉE DE JACK WHITE. A gauche sur l’écran, il y a Dave Buick, qui habite toujours Detroit. “Il est écrit : ‘Comique romantique’ sur ma carte de visite, se marre-t-il. Je m’occupe principale­ment des rééditions. Les trucs undergroun­d de Detroit. Du vieux blues ou du rock’n’roll : Laughing Hyenas, Destroy All Monsters... Ça ne va pas changer le monde, mais c’est le genre de disques que les gens doivent entendre, comme l’enregistre­ment live des Stooges à Goose Lake.” Dave avait sorti les deux premiers 45 tours des White Stripes sur son label Italy Records en 1998. “J’ai vu leurs deux premiers concerts au Gold Dollar, où ils ouvraient pour The Hentchmen, Rocket 455 et ‘68 Comeback. Il y avait quelque chose en eux, une sincérité, et je me suis instantané­ment dit qu’ils étaient super. Quelques mois plus tard, j’ai proposé à Jack de sortir un disque. Il a d’abord refusé, croyant que j’essayais de lui soutirer de l’argent. Alors qu’en fait, j’espérais qu’il me file un boulot vingt ans plus tard (rires). Il a finalement accepté et nous avons enregistré ‘Let’s Shake Hands.’ Il a produit plein de trucs que j’ai sortis, comme les Fells, The Greenhorne­s, Whirlwind Heat… Très vite, les gens se sont mis à chanter les paroles de chansons comme ‘Sugar Never Tasted So Good.’ C’était en mars 1999, le premier single des White Stripes était sorti depuis moins d’un an, on a compris que c’était le moment. Ils n’avaient même pas encore sorti d’album.”

Depuis Nashville, où il réside depuis douze ans, Ben Blackwell,

archiviste du groupe et l’un des deux batteurs des Dirtombs, enchaîne : “Third Man est une prolongati­on du travail de Dave avec Italy, et de ce

que Jack faisait lorsqu’il enregistra­it des groupes chez lui. On le fait maintenant à plus grande échelle. J’ai toujours pensé que Third Man devrait ressembler à notre collection de disques. Tu n’as pas envie d’aller chez quelqu’un qui n’écoute que de la techno. J’aime ça mais, après une heure ou deux, j’aurais peut-être envie d’écouter des quarante-cinq tours de rockabilly. On est cinq ou six à gérer l’histoire. La plupart du temps, nous sommes 100% raccord. Le noyau dur de la société travaille ensemble depuis plus de vingt ans. Et nous sommes toujours amis. Même si nous étions à la retraite, on continuera­it probableme­nt à publier des disques ensemble. On en a sorti sept cent trente, environ un par semaine. Le premier disque des White Stripes a été pressé en bas de la rue, juste à côté du lycée où allait Jack. Pour le ‘Greatest Hits’, il a dit qu’il ne voulait surtout pas s’occuper de la liste. On a commencé à en discuter, on se retrouvait sur 90%, mais on a fini par tomber d’accord sans se quereller. Pareil pour Meg qui suivait ça de près. Les artistes ont une vision différente des fans de leurs plus grands hits. Avant d’être archiviste, ou de travailler pour le label, je me considère comme un fan.” Bon, et comment va Meg ? “Elle est bel et bien vivante, rassure Buick. Je la croise souvent. Elle se préserve et ne fait pas vraiment de musique pour le moment. Quand un truc des White Stripes sort, elle se tient informée et s’implique.”

Et Ben de conclure : “Les gens ont besoin de s’échapper, ils aiment ce qu’on fait, et on aime ce qu’on fait, donc on va continuer. Nos trucs sont disponible­s en streaming, mais ils préfèrent acheter les albums. La demande pour le vinyle n’a jamais été aussi forte. Notre objectif est que les disques nous survivent. ”

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