Rock & Folk

Archie Shepp & Jason Moran

“Let My People Go” ARCHIEBALL/ L’AUTRE DISTRIBUTI­ON

- PHILIPPE THIEYRE VINCENT HANON

Archie Shepp est une légende vivante de ce qu’on appelle jazz et du Black Power. De Cecil Taylor à John Coltrane, le saxophonis­te a tutoyé le meilleur de la musique noire, avant d’enregistre­r “The Magic Of Ju-Ju” et “Attica Blues” chez Impulse! Aujourd’hui âgé de quatre-vingt-trois ans, ce créateur de la musique afro-américaine militante prolonge la longue plainte d’espoir entamée à l’aube des années 1960, et continue à délivrer le message. Capté dans l’air de “Go Down Moses”, popularisé par Louis Armstong, “Let My People Go” est un album avec le pianiste Jason Moran, connu pour avoir signé la musique de “Selma”, film qui racontait la vie de Martin Luther King. Les deux artistes ont grandi dans le sud des EtatsUnis au son du blues et du gospel noir, développé une complicité immédiate lorsqu’ils se sont rencontrés en 2015, et proposent ici des enregistre­ments réalisés à Paris et à Mannheim. Les mots sont impuissant­s pour évoquer la beauté qui émane de la version de “Sometimes I Feel Like A Motherless Child”, negro spiritual immortalis­é par Odetta dans “L’Evangile Selon Saint Matthieu” de Pasolini, et Richie Havens lors du premier Woodstock. Une ouverture qui donne le la à la suite veloutée, où Archie Shepp invoque les esprits de Sir Duke et Thelonious Monk sur un crépuscula­ire “’Round Midnight”. Traversé de fulgurance­s, son jeu s’arrête souvent comme il a commencé, avec quelques applaudiss­ements assurant la liaison sur sept chansons, et cinq autres où les danseurs de l’âme revisitent en bonus des standards de Fats Waller et Donald Byrd.

La classe pure a toujours pour but de rassembler les gens. ★★★★

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