Rock & Folk

Alice Cooper

“Detroit Stories” VERYCORD

- CHRISTIAN CASONI

Drôle d’idée de démarrer un pèlerinage à Detroit par une reprise en taloche majeure du Velvet Undergroun­d (“Rock’N’Roll”), avec Joe Bonamassa venu faire l’appoint. Car le vingt et unième album d’Alice Cooper se situe à Motor City. Le faune lubrique aux dents factices revient dans la ville de ses premières victoires, la seule à l’époque qui ne lapidait pas les freaks dans son genre. Dans l’ensemble Alice a respecté le terroir : Wayne Kramer, le batteur Johnny Badanjek (quelle castagne), le bassiste Paul Randolph, les Motor City Horns, et respecté la mémoire : le producteur Bob Ezrin, ou les trois transfuges du Alice Cooper Group pour un titre, “Social Debris”, l’une des deux déceptions de l’album. Le kamikaze aux yeux fendus déboule, pied au plancher, dans une voiture-bélier dont les freins ne lui ont pas semblé utiles. A soixantedo­uze ans, Alice balance un rut de jeune marié, social, frontal, carré, avec une étonnante voix toute de muscles et de nerfs. Est-ce qu’à cet âge-là on dételle des galops hard rockabilly comme “Go Man Go” ou “Independen­ce Dave” ? “Too Drunk To Fuck”… Alice n’oublie pas de monter ses refrains avec une grandiloqu­ence racoleuse. En fait, cette rouerie est un gage de salut. Ce détachemen­t a toujours démarqué l’homme Vincent de sa créature Alice, et le laisse déclencher une furie d’ancien combattant sans jamais avoir l’air d’un vieux bouc nostalgiqu­e. Et sur “Detroit Stories”, on aurait plus affaire à l’homme, un survivant du green aux dents trop blanches, qu’à sa créature, la Zizi Jeanmaire d’Halloween. “Me and Iggy were giggin’ with Ziggy, and kickin’ with MC5”. ★★★★

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