Rock & Folk

Neil, Serge, Tony, Nancy, Thomas et Guy-Manuel

Citons, Johnny. Pas Rotten. Ni Ramone. Cash non plus. Hallyday.

- VINCENT TANNIèRES

“Souvenirs, souvenirs / Je vous retrouve en mon coeur

Et vous faites refleurir / Tous mes rêves de bonheur

Je me souviens d’un soir de danse / Joue contre joue

Des rendez-vous de nos vacances / Quand nous faisions les fous

Souvenirs, souvenirs / De nos beaux jours de l’été Lorsque nous partions cueillir / Mille fleurs, mille baisers Et pour mieux garder dans ma tête / Les joies de la belle saison Souvenirs, souvenirs / Il nous reste nos chansons”

Tu l’as dit, Johnny. Les chansons restent, deviennent des souvenirs.

Après Johnny, citons Marcel.

Pas celui avec son orchestre. Non.

Proust.

“C’est avec des adolescent­s qui durent un assez grand nombre d’années que la vie fait ses vieillards.”

Elle est belle, Marcel. C’est exactement ça. Adolescent­s jusqu’à la mort, boomers !

Ce numéro parle de souvenirs. Neil, Serge, Tony, Nancy, et aujourd’hui Thomas et Guy-Manuel. De souvenirs, au milieu d’une actualité pimpante. Printanièr­e. Annonciatr­ice des beaux jours. Mais de souvenirs, aussi, donc.

Ceux de Neil Young. Qui porte de plus en plus mal son nom et qui, comme d’autres, a désormais des activités de son âge. Se plonger dans les boîtes à photos, les vieux tickets de concert, les mots tendres, sur du papier délavé par les larmes de la jeunesse, d’une jeune fille perdue à jamais... Ces activités du dimanche. Après le Grand Marnier et avant de piquer un roupillon. Tout cela pourrait sentir le chausson, mais pas avec Neil Young. C’est sa musique qu’il exhume, et les archives qu’il propose sont celles des années dures.

Ceux de Serge Gainsbourg. Lui n’a pas eu le temps de fatiguer son monde. Enfin, pas avec ça. Il est mort le 2 mars 1991. Seul. Il y a trente ans et Pastis n’a pas fait faillite.

Il aurait 93 ans. “Melody Nelson” en a 50 aujourd’hui. Tonton ronchon, grommelant, qu’on écoutait, attentifs aux traits de génie, à l’aphorisme savoureux, à la grivoiseri­e pas autorisée à table mais aux jeux de mots devenus lourdingue­s aussi.

Ceux de Tony Frank. Et de son bleu “Melody”.

Ceux de Thomas et Guy-Manuel. Anonymes planétaire­s, mondialeme­nt inconnus, eux, rangent les casques. Ayant su éviter le contempora­in narcissism­e. Pouvant, tranquille­s, continuer à enquiller des points sur des cartes de fidélité de supérettes.

Ceux de Nancy Sinatra, enfin. C’est la boîte à bijoux qu’elle sort du secrétaire. Entre deux pâtes de fruits et les boutons de manchette du daron. Un best-of et l’intégrale à suivre. Merveilles d’une époque où tout allait encore. Où il faisait beau même en novembre et où les voitures semblaient toutes décapotabl­es. En marraine un peu indigne qui tweetait sur Trump... Entourée de ses petits-enfants, peut-être.

Le bleu après le rouge. Mais l’orange aussi. Du vert amande. Le magenta. L’or !

“Souvenirs, souvenirs”…

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