Rock & Folk

Les styles Fruit Bats

Mille influences, zéro copie : pardonnez Eric D Johnson, il est tombé dans la marmite de potion musique quand il était petit.

- PAR LEONARD HADDAD

The Jayhawks

Les grands frères les plus immédiats. L’inspiratio­n de Johnson prend son élan dans les chansons sublimes du duo Mark Olson/ Gary Louris sur “Tomorrow The Green Grass”, les premiers qui surent réunir Byrds, Big Star et Beatles dans un même geste mélodique, soufflant le chaud et le frais. A son meilleur, Johnson n’oublie jamais les Jayhawks.

Todd Rundgren

Le flow mélodique, les fantasmes d’americana qui remontent à la surface, on pourrait aussi bien citer Elton ou Billy J. Mais si l’on ajoute le mélange de lo-fi excentriqu­e, avec synthés biscornus et accents soul, les cinq premiers Fruit Bats sont plus proches du double bazar “Something/ Anything?” du grand Todd.

Fleetwood Mac

Outre les expériment­ations proto-eighties en l’honneur de “Tusk”, on jurerait en écoutant “The Ruminant Band”, “Tripper” ou “Absolute Loser” que Johnson aime autant (sinon plus) la période Bob Welch du Mac (“Heroes Are Hard To Find”) que le line up Stevie/ Lindsay. Influences encore plus obscures, mais aussi décisives : les trois albums solos du regretté Danny Kirwan, qui font le tour du cadran de la pop californie­nne des années 1970.

Joni Mitchell

Sans doute la réinventio­n la plus proche de celle de Fruit Bats : la bascule entre “The Ruminant Band” et “Tripper” a quelque chose du switch de la Canadienne géniale en 1973-1974, quand elle abandonne le folk gracieux qui a fait son succès pour le proto jazz libéré et libérateur de “Court And Spark”. L’écho de son phrasé inouï sur “Help Me”, “Free Man In Paris” ou “Car On A Hill” s’entend d’un bout à l’autre de la discograph­ie Fruit Bats.

Paul McCartney

Sur le sujet Paul, on sent Johnson hésitant : faut-il préférer le début des années 1970 (modèle champêtre “Ram” / “Wild Life”) ou leur fin (version soft rock “With A Little Luck”/ “Daytime Nighttime Suffering”) ? Dans le doute, il prend tout.

Bee Gees

Eric aurait-il lu le précédent numéro de Rock&Folk ? Parmi les grands héros pop, il cite spontanéme­nt Barry Gibb comme son artiste “préféré”. De fait, les plus belles chansons de “Gold Past Life” auraient leur place sur n’importe quel disque des années 1970 des frères Gibb. Et même – surtout – sur leur chef-d’oeuvre méconnu de 1981, “Living Eyes”.

Supertramp

Pas de débat : le style coupant de Roger Hodgson reste le vrai modèle vocal de Johnson, citations de “Sister Moonshine” (“Crisis? What Crisis?”) ou “Give A Little Bit” (“Even In The Quietest Moments…”) à l’appui. Mais il y ajoute le falsetto nasal de Rick Davies, et même les harmonies cartoon du saxophonis­te John Helliwell. Se pourrait-il qu’Eric Johnson soit à ce point fou de Supertramp qu’il essaie de chanter comme trois de ses membres à la fois ? On dirait bien.

Elliott Smith

Lorsque son second groupe Bonny Light Horseman a repris “Clementine” l’an dernier, les masques sont tombés. Pour être honnête, Johnson les portait jusque-là comme à un meeting trumpiste : “Rainbow Sign” (sur “Mouthfuls”) ou “Lives Of Crime”

(sur “Spelled In Bones”) sonnent comme des inédits d’ “Either

/ Or” tandis que “Picture Of A Bird” (sur “Tripper”) pourrait s’intituler “Waltz #3”. A moins qu’on ne réserve cette distinctio­n à “Holy Rose”, le prodigieux premier single de “The Pet Parade.”

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