Ryan Adams
“Wednesdays” PAX AM/ MASCOT
Ce mec est l’un des singers-songwriters les plus brillants de sa génération. On s’en est rendu compte dès son fabuleux premier album, “Heartbreaker”, en 2000. En même temps qu’on se rendait compte que c’était un genre de sale gosse surdoué. Disons un artiste, un vrai. Ingérable, imprévisible, comme les plus grands. Visiblement, ça n’a pas beaucoup changé, puisqu’il a récemment été accusé de divers harcèlements et autres comportements pas cools. Lavé de tout soupçon par la justice, mais le mal est fait. Il publie avec cet album une déclaration touchante, une sorte de mea culpa. Le disque est lui-même une tentative de rédemption, dès son premier titre, “I’m Sorry And I Love You”. Il était en train de préparer un autre album, une grosse production, qu’il a mis de côté pour enregistrer celui-ci, très rapidement, très sobrement. Finalement, ce sera une trilogie. Parce qu’en plus, Adams est incroyablement prolifique. Le temps de penser à autre chose pendant quelque temps, et il a sorti trois disques dans l’intervalle. La preuve : “Wednesdays” est son dix-septième ! Alors, comment est-il ? Minimal, donc, à tendance acoustique. Neil Young à fond dès la première chanson. Bob Dylan ou Jackson Browne ailleurs. Tout de suite les grands mots. Oui, mais Ryan Adams le mérite. Il joue en première division. Il chante divinement, écrit des mélodies sublimes, des textes poignants. La production est nickel, du folk-rock à l’ancienne, estampillé seventies, sans aucune honte : Don Was — un gars qui vit depuis trente ans en 1972 — est dans le coup. Ça joue doux et boisé. Parfois, ça s’énerve un peu, comme dans “Birmingham”, avec son orgue à la E Street Band, encore une sacrée référence. Il va falloir reparler de Ryan Adams. Il n’y en a pas dix comme lui.