Israel Nash
“Topaz” LOOSE RECORDS
C’était par un dimanche matin ensoleillé à Denver, il y a quelques années. Venus pour interviewer Nathaniel Rateliff, nous avions découvert, au retour d’une visite du site de Red Rocks, que notre chauffeur (membre du staff de Rateliff) n’était autre que le manager d’Israel Nash. Sans lâcher la route des yeux, celui-ci avait eu cette définition définitive de l’art de son poulain : “It puts you in a zone”. L’expression n’est pas évidente à traduire, mais il est question d’un état mental dans lequel la musique plonge l’auditeur et l’y maintient. Basé depuis plusieurs années dans les collines du Texas, Israel Nash a livré quelques grands albums par le passé, notamment “Rain Plans”, en 2013. Son amour des premiers Neil Young, du Pink Floyd de la même époque, s’y épanouissait dans des compositions gorgées d’âme — on ne sait si la chose a un rapport, mais Nash est le fils d’un pasteur du Missouri. “Topaz” a été sculpté au fil des mois dans le studio que l’homme a construit sur son ranch, et le résultat est un émerveillement sonore : les strates de “Dividing Lines”, le premier titre, entremêlent orgue, guitares acoustiques, électriques, slide, choeurs gospel, cuivres et morceaux de ciel. La présence des cuivres tire plusieurs morceaux vers la countrysoul, notamment les joyaux que sont “Stay” et “Down In The Country”. Car le vrai miracle de “Topaz” réside dans ses chansons. Inspiré par la beauté des collines, comme à l’accoutumée, mais également remué par une situation politique anxiogène, Nash aligne ici les splendeurs cosmiques (“Closer”, “Indiana”, “Southern Coasts”, “Canyonheart”…). Un sacré voyage dans la “zone”, où qu’elle se trouve.