Popa Chubby

“Tinfoil Hat” DIXIEFROG

Un roulement de tambours accompagne la voix, solennelle : “Ce morceau est pour vous autres, tous les dingues.” Sur fond de boogie plein de morgue défile une litanie de thèses conspirationnistes (“I heard that Dr Fauci is workin’ for the KGB”, etc.). Le deuxième titre, “Baby Put On Your Mask”, est le pendant du premier, sans l’ironie. Il est tout aussi réussi. Dans les notes de pochette, Popa Chubby explique être rentré de tournée le 12 mars 2020, s’être enfermé chez lui, dans l’Etat de New York, et avoir essayé de ne pas devenir dingue en prenant note des informations qui inondaient les écrans. “Tinfoil Hat” est le résultat de ces mois d’isolement forcé : sans musiciens pour l’épauler, le guitariste est descendu dans son studio et s’est débrouillé tout seul pour canaliser son flot d’émotions. Première leçon, le gaillard est excellent multi-intrumentiste. Deuxième, la contrainte, comme souvent, est mère d’inventivité : Chubby a notamment eu la bonne idée de doubler ses lignes de chant, mettant en évidence combien sa voix, chaude, soulful, participe de son charme. Troisième leçon, le confinement a été stimulant. Il livre onze chansons de haute tenue, qui montrent que derrière une façade un peu bouffonne (voir les photos de pochette où il pose avec une série de chapeaux en aluminium grotesques), il sait être subtil. Voici des riffs cinglants pour “No Justice No Peace” (sur Black Lives Matter), un rock’n’roll gaillard pour dézinguer son ancien Président (“You Ain’t Said Shit”), une tranche de soul pour prêcher la foi en des jours meilleurs (“Someday Soon [Change is Gonna Come]”)… Le fond et la (grande) forme.