Little Bob Blues Bastards

“We Need Hope” VERYCORDS

Inoxydable Little Bob : après quarantesept ans de carrière et des milliers de concerts, il publie son quatrième album avec sa formation actuelle, les Blues Bastards (mais le vingtième d’une discographie pléthorique). Moins impressionnant que le précédent, ce nouvel essai est néanmoins porté par une flamme intacte et un plaisir évident de jouer qui transparaissent tant au niveau de l’enthousiasme de Bob qu’à la valeur de la formation qui l’accompagne en rassemblant harmoniciste, contrebassiste, pianiste, guitariste et batteur émérites. Ensemble, ils dépotent un blues rock anglophone particulièrement pertinent quand le rythme se ralentit pour un mid tempo reptilien (“Walls And Barbed Wires”). Les huit compositions originales sont accompagnées de quatre reprises emblématiques où le légendaire Havrais d’adoption rend justice à ses amours de jeunesse et dévoile certaines de ses influences : une tentative, un peu ratée, de faire rocker l’hymne anarchiste italien de ses racines (“Bella Ciao”), un détour plus probant du côté du rock anglais qu’il écoutait gamin, avec une version de “Where Have All The Good Times” des Kinks précédée d’une salve boogie empruntée à Humble Pie (“Natural Born Boogie”), et surtout un hommage habité au chanteur américain Richie Havens qui s’illustra à Woodstock et dont il reprend le “Freedom” d’anthologie sur le mode d’une plainte écorchée. Car Bob n’est jamais meilleur que dans la ballade déchirante et déchirée, et le prouve également avec “Made For Me”, quand il célèbre sa compagne disparue en optant pour un recueillement dépouillé qui sertit de nappes d’orgue sa voix au bord de la cassure.