Rock & Folk

TITO JACKSON

Douze ans après le décès de Michael, où en sont les frères Jackson ? A l’occasion de la réédition digitale et vinyle des albums de l’après Motown, Toriano Adaryll “Tito” Jackson, soixante-sept ans dont cinquante-sept sur scène, troisième né d’une fratrie

- RECUEILLI PAR OLIVIER CACHIN Rééditions Jacksons “Triumph”, “Victory”, “2300 Jackson Street” et “The Jacksons Live!” (Epic/ Sony Music)

“Michael avait huit ans et moi treize”

C’EST DEPUIS LAS VEGAS, VIA ZOOM, QUE LE JACKSON AU CHAPEAU MELON NOUS PARLE, revenant sur quelques souvenirs d’enfance tout en caressant l’espoir, trente-deux ans après leur ultime album, d’un retour au top des Brothers.

On était les Jackson 5

ROCK&FOLK : Quel est votre premier souvenir du showbiz ?

Tito Jackson : On avait contacté Motown et ils ont mis beaucoup de temps à nous répondre. On a fait une audition et Berry Gordy nous a dit : “Je vais placer vos trois premiers singles en tête des charts.” Là, on savait qu’on touchait au but. Et il a ajouté : “Demain, on fait une soirée pour Diana Ross, je veux que vous y chantiez.” On s’est retrouvé dans le manoir Gordy, on chantait pour Diana, il y avait Marvin Gaye, les Temptation­s, les Supremes, Martha Reeves... On était des gamins, Michael avait huit ans et moi treize, mais on savait qu’on était devenus des pros.

R&F : Vous êtes guitariste, comment avez-vous appris à jouer ?

Tito Jackson : Mon père Joseph était très strict, il travaillai­t dur et il nous avait interdit de toucher à sa guitare. Comme j’étais fasciné par ses sessions de blues avec mon oncle, j’ai voulu apprendre à jouer, et j’empruntais sa guitare. Mais un jour, j’ai cassé une corde. Quand il a vu ça, il était furieux et il m’a ordonné de jouer pour lui. Je pleurais mais j’ai joué et j’étais bon, meilleur que lui. Alors il m’a dit : “Tito, je vais acheter une autre guitare, garde celle-là, mais je veux que tu apprennes à jouer les morceaux qui passent à la radio et qui te plaisent.” Je jouais tous les hits du moment, mes frères Jackie et Jermaine chantaient avec moi. Michael et Marlon étaient encore bébés, mais ils nous suppliaien­t de faire partie du groupe. Un jour, Michael a chanté à une fête de son école et on était tous fascinés. En rentrant, on lui a dit qu’il pouvait nous rejoindre, et Marlon aussi. On était les Jackson 5, même si on en n’avait pas encore le nom.

Michael et Mick

R&F : Pourquoi avoir quitté Motown pour Epic ?

Tito Jackson : Ils nous offraient l’opportunit­é d’écrire nos propres chansons sur nos albums, et on avait comme producteur­s Kenny Gamble et Leon Huff. En 1978, on a sorti “Destiny”, le premier album des Jacksons qu’on avait entièremen­t écrit et produit. Avec “Shake Your Body (Down To The Ground)” et “Blame It On The Boogie”, le succès est arrivé.

R&F : Comment s’est passé l’enregistre­ment de “State Of Shock”, le duo Jacksons/ Mick Jagger sur l’album “Victory” ?

Tito Jackson : On voulait faire un morceau rock, et on s’est dit que le chanteur des Rolling Stones + les Jacksons, ça aurait de la gueule. On n’aurait pas pu trouver un meilleur chanteur que Mick pour ce titre. En studio, Michael et Mick s’amusaient, ils dansaient devant leur micro, ils échangeaie­nt leurs idées, “Toi tu chantes cette partie-là, moi celle-là”.

R&F : Quand avez-vous été sur scène pour la dernière fois ?

Tito Jackson : C’était il y a un peu plus d’un an, le 28 février, en Indonésie. A peine était-on rentré aux USA que la pandémie a frappé, et tout s’est arrêté.

R&F : Y aura-t-il un jour un nouvel album des Jacksons ?

Tito Jackson : C’est possible mais c’est compliqué : Jackie vit à Vegas, Jermaine au Bahreïn, Randy à Londres et Marlon à Atlanta. Mais on a enregistré un morceau qu’on rêve de sortir, sauf qu’il ne colle pas à l’époque vu qu’il s’intitule “Life Is Good”. Mais dès que cette pandémie sera finie et que le monde refera la fête, ça sera une chanson parfaite !

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