Oh! You Pretty Things
“GLAM QUEENS AND STREET URCHINS 1970-1976 ”
Grapefruit (Import Gibert Joseph)
Alors que vient de sortir un livre qui fait beaucoup de bruit (“Le Choc Du Glam”, de l’excellent Simon Reynolds), le label Grapefruit propose un coffret de trois CD bien tassés consacré au genre, au sens large. Par bien des côtés, le glam rock fut une régression nécessaire : revenir aux bases après les expérimentations psychédéliques, et faire face aux délires pompeux du rock dit “progressif” (quel progrès ?), tout en réhabilitant une sorte de chic décadent et glamour après les oripeaux et les loques hippies. Le glam ne se résume pas à quelques fantaisies (l’une de ses qualités consiste justement à en avoir apporté plus d’une) outrées : son influence a été considérable. Tous les punks anglais ont été autant influencés par cette école que par le Velvet Underground, les Stooges, les Who du début et le MC5. Beaucoup d’Américains également ont eu du mal à s’en remettre, ça les changeait du rock californien. Les trois têtes de gondole, David Bowie, T.Rex et Roxy (plus Eno en solo) ont donc eu une influence considérable sur des artistes qui deviendront majeurs par la suite. Pour des raisons contractuelles évidentes, Bowie et T.Rex sont absents de ce coffret fantastique, mais tous les autres y sont. Jobriath, Brett Smiley — qui aurait tellement mérité le succès tant il était doué et bien produit —, Roxy Music, Bryan Ferry en solo, Mott The Hoople ou Ian Hunter tout seul, Mick Ronson, les Heavy Metal Kids, Silverhead, Kim Fowley, Slade, Tim Curry (le fameux “Sweet Transvestite” du “Rocky Horror Pictures Show”), les Sparks, Lou Reed, The Sensational Alex Harvey Band, Phil Manzanera et Eno, le temps de l’exceptionnel “Big Day”, Sweet, etc. (Gary Glitter n’est pas de la partie et c’est bien fait pour lui), tout comme une dizaine d’inconnus souvent intéressants (cette reprise “I’m Waiting For The Man” par Tina Harvey !)… Evidemment, certains chipoteront : les Pink Fairies, les Kinks, Thin Lizzy, les Flamin’ Groovies, les Troggs, le John Cale de “Gun” ou les Stooges de “Gimme Some Skin” faisaient-ils du glam rock ? Sans doute non. Qu’importe. Comme le chantait l’autre, “quand la musique est bonne”…