Rafistolé à la palette graphique
Vanguard
Jackie Chan, star kamikaze du cinéma d’action des années 1980, était un véritable trompe-la-mort. A coups d’impensables cascades (genre, sauter d’une tour de dix mètres pour aller s’écraser sur le bitume dans “Le Marin Des Mers De Chine”), il risquait sa peau sur chaque tournage, comme il le détaille dans son autobiographie (où il révèle aussi qu’il ne supporte pas les piqûres !). Auréolé de ce statut d’icône, il continue de tourner entre quatre et huit films par an. Seulement, à soixante-sept ans, le petit Chan ne peut plus se permettre de se fracasser les os comme avant. Voir “Vanguard”, réalisé par son pote Stanley Tong (qui l’avait déjà dirigé dans “Police Story 3”, “Jackie Chan Dans Le Bronx” et “Contre-Attaque”), sorte d’ersatz de James Bond, Indiana Jones et “Fast & Furious” vaguement plaisant avec course-poursuite en hors-bord, bastons cartoonesques et gunfights tout public. Et, époque oblige, des effets numériques si peu fignolés qu’ils ont été qualifiés par certains de “véritables viols visuels”. Quant à Jackie, il grimace plus qu’il ne combat, cabotine plus qu’il ne cascade, et fait même face, pour un gag foireux, à un lion en images de synthèse nases. Même son visage, histoire de le rajeunir de vingt ans, semble avoir été rafistolé à la palette graphique (disponible sur Amazon Prime).
Cherry
Avec deux “Captain America” et deux “Avengers” au compteur, les frangins Joe et Anthony Russo sont devenus de véritables money makers d’Hollywood. Mais comme beaucoup de réalisateurs sous contrat avec la Marvel, les Russo ont aussi de la frustration à revendre. Et veulent prouver qu’ils ne sont pas seulement des mercenaires à la solde de super-héros sans âme. C’est pour cette raison qu’ils ont signé avec Apple pour un film nettement plus intimiste au petit budget de quarante millions de dollars (une misère par rapport aux trois cent cinquante-six millions de leur “Avengers: Endgame”, le plus gros succès de l’histoire du cinéma, soit dit en passant). On suit le parcours de vie d’un jeune Américain moyen qui, par frustration amoureuse, s’engage comme aide-soignant sur le front irakien. Revenu des horreurs de la guerre avec le cerveau en compote, il devient addict aux médocs et se met à braquer des banques avec sa copine retrouvée pour payer ses opiacés. Une mini-fresque qui, même si elle ne mérite pas sa longueur de deux heures vingt-deux minutes, vaut le coup. Mais par à-coups. Notamment le jeu fiévreux de Tom Holland (qui, lui aussi, prouve ici ses talents d’acteur mieux que dans la peau de Spiderman) et quelques séquences tendues de braquages et de prise de drogue à l’arrache (disponible sur Apple TV+).