Rugby Magazine (France)

Cyril Savy, ce Français qui a inventé le tee

Responsabl­e diabète chez Sanofi, Cyril Savy (55 ans), finaliste du championna­t de France en 1993 avec Grenoble et en 1995 avec Castres, a été le premier joueur à utiliser un tee en 1987.

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“Je n’ai pas gagné d’argent avec”

Est-ce une fierté d’être l’inventeur du tee ? Forcément parce que ça a changé considérab­lement la façon de faire des buteurs. Je n’imaginais pas du tout au début ce qu’il allait se passer, l’améliorati­on que ça allait apporter dans la qualité et dans la régularité du tir.

C’est une fierté, mais ça ne vaut pas un titre…

J’ai joué à Grenoble et je fais partie de cette équipe qui a perdu en finale en 1993 sur un essai qui n’y était pas et ça restera toujours une blessure.

Ça ne vous a pas empêché de signer ensuite à Castres vainqueur de cette finale…

Castres avec qui j’ai reperdu en finale la première année ! (en 1995, Ndlr)

Comment avez-vous eu l’idée de ce tee ? Hiver 1987, je jouais à Rodez qui évoluait à l’époque en première division. Il faisait froid, en février, le terrain était gelé. Je cherchais un moyen de pouvoir m’entraîner. Je n’avais rien pour buter. L’entraîneur avait disposé des plots, des cônes pour délimiter les terrains. Je cherchais quelque chose pour poser mon ballon et comme il y a un trou au milieu du plot je me suis dit que peut-être ça marcherait et effectivem­ent le ballon tenait et était un peu plus haut que d’habitude. J’ai tapé avec et c’était incroyable. De près et de loin et de très très loin, ça marchait vraiment très fort. Le dimanche, je suis allé avec mon capitaine voir l’arbitre. Je lui ai posé la question de savoir si, à la place de m’amener du sable, le soigneur pouvait m’amener cet ustensile qui faisait gagner du temps et qui n’abîmait pas le terrain et avec lequel, même si je l’oubliais, on ne pouvait pas se blesser car c’est souple. L’arbitre a dit ok, on autorise bien le sable qui est un élément extérieur donc rien n’interdit dans le règlement de l’utiliser.

Les instances ont-elles été faciles à convaincre ?

Au bout de trois-quatre matches, on a eu une réclamatio­n. Notre président est allé à la Fédération qui s’est rendue à l’évidence qu’il n’y avait rien dans le règlement qui l’interdisai­t. Ils ont laissé au choix de l’arbitre jusqu’à la fin de la saison et à la fin de la saison il y avait déjà plusieurs joueurs qui ont commencé à buter avec et ça s’est déployé partout.

Qu’a apporté ce tee ?

Ça change tout. Ça met le ballon toujours de la même hauteur, ce qui d’un point de vue technique permet une plus grande probabilit­é de réussite. Il était un peu plus haut également ce qui améliore la puissance et la précision.

Avez-vous vendu l’invention ?

Je n’ai pas gagné d’argent avec. Il n’y a pas de brevet et il n’y avait pas de brevet à déposer. J’ai pris quelque chose qui existait et j’en ai fait une utilisatio­n particuliè­re.

Sauf qu’aujourd’hui les tees sont commercial­isés…

Vous en avez des dizaines de différents, certains sont même bricolés par les joueurs eux-mêmes. Quand le tee s’est développé, certains en ont commercial­isés, Philippe Sella avait commencé à monter son entreprise et il proposait des tees. Ce ne sont pas les inventeurs qui font fortune, mais ceux qui commercial­isent les inventions. On n’a pas forcément la maturité quand on découvre quelque chose de se dire qu’il y a un business à faire et beaucoup d’argent à gagner. J’étais un passionné et j’ai toujours été passionné de l’améliorati­on c’est-à-dire trouver des techniques d’améliorati­on du coup de pied. J’ai beaucoup travaillé là-dessus, sur la standardis­ation du coup de pied pour faire en sorte que le coup de pied soit toujours le même partout sur le terrain.

Propos recueillis par Arnaud Bertrande

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