Rugby Magazine (France)

VIRIMI VAKATAWA “J’ai toujours su que j’allais rejouer même si certains pensent que je suis fou”

Interdit en septembre 2022 par la commission médicale de la LNR de jouer en France en raison d’un problème cardiaque, l’ancien centre des Bleus (32 sélections) s’est engagé, à 31 ans, jusqu’à la fin de la saison avec le club anglais de Bristol.

- Eric Mendes

Qu’avez-vous ressenti en retrouvant les terrains avec Bristol ?

Je suis vraiment très chanceux de pratiquer de nouveau le sport que j’aime tant, d’être de retour et tellement reconnaiss­ant d’avoir une autre opportunit­é de rejouer. J’avais joué avant avec les Barbarians Britanniqu­es, mais avec Bristol ça change parce qu’il y a le côté équipeclub. Ça m’avait manqué, les potes, s’entraîner ensemble, la vidéo (sourire), j’ai pris énormément de plaisir à retrouver tout ça.

Avez-vous changé votre approche depuis que vous êtes revenu ?

Rien ne change, c’est juste une nouvelle équipe, un nouvel environnem­ent et je ne dois pas changer la façon dont je joue.

Comment est le championna­t d’angleterre par rapport au Top 14 ?

Ce sont deux compétitio­ns différente­s. Le Top 14 est l’une des compétitio­ns les plus difficiles au monde avec de très grosses équipes. En Angleterre, le jeu est vraiment rapide donc c’est sympa aussi. Vous affrontez des internatio­naux, des joueurs anglais, argentins, d’autres grands noms, donc c’est intéressan­t. J’adore jouer en Angleterre même si je viens juste d’arriver. Le championna­t est vraiment bon même si c’est différent du Top 14 où j’évoluais depuis que j’ai 17 ans. Mais c’est toujours du rugby avec des plaquages ! (sourire)

Rêvez-vous de rejouer en sélection ?

Je me concentre et je suis focus sur Bristol, c’est tout.

A quel point êtes-vous soulagé de rejouer après avoir probableme­nt pensé à un moment donné que vous n’auriez peut-être pas cette opportunit­é ?

Dans mon esprit, je savais que je rejouerai. Je crois en Dieu et je savais que je jouerai à nouveau, quoi qu’il arrive. Au plus profond de moi, je savais que je rejouerai et maintenant je rejoue ! Je n’ai pas envie de parler de ce qui s’est passé, je respecte la décision, mais maintenant je me concentre sur mon retour sur le terrain.

Vous avez dû avoir des offres ailleurs, qu’estce qui vous a persuadé de choisir Bristol ?

Je cherchais un club pour reprendre le rugby, il y avait des clubs au Japon, mais le marché était déjà bien avancé et c’était compliqué de trouver un club. Bristol était la meilleure solution pour moi.

Avez-vous encore l’espoir de revenir en France pour jouer ?

Revenir en France, je pense que ça ne sera pas possible. Vous connaissez la règle... Jouer, je ne sais pas, mais revenir pour entraîner ou aider les jeunes en France pourquoi pas.

Cela a-t-il été dur de regarder la Coupe du monde à la télé ?

Bien sûr que ça a été dur ! J’aurais aimé jouer cette Coupe du monde, surtout en France, mais c’est comme ça, on ne peut pas changer les choses. J’ai suivi tous les matches de l’équipe de France, malheureus­ement ce n’est pas le résultat que tout le monde espérait. J’étais tellement triste que la France ait perdu contre l’afrique du Sud. Tous les fans espéraient que la France allait remporter la Coupe du monde après avoir gagné le Six Nations, avoir battu les All Blacks et l’afrique du Sud. Je n’y étais pas, mais je peux comprendre ce que les gars ont ressenti car tout le monde voyait la France passer l’obstacle des Boks en quarts.

A Bristol, il y a des internatio­naux anglais. Cela a-t-il chambré après la Coupe du monde où les Anglais ont fini 3èmes ?

J’ai passé un mauvais week-end avec les quarts de finale parce que les Fidji et l’équipe de France avaient tous les deux perdu…

Comment vous êtes-vous maintenu en forme durant cette période où vous ne jouiez pas ?

Quand j’étais à Paris, je m’entraînais tout seul même si ce n’était pas évident. Mais j’essayais de rester en forme en courant et en faisant de la muscu. Ça m’a évité de rester à la maison à manger des pizzas ! (sourire) Je n’avais pas envie de devenir gros et surtout le rugby c’est ma vie !

Avez-vous l’impression de prendre un risque en rejouant ?

Je n’ai pas envie de parler de risque. Le spécialist­e qui m’a revu m’a donné l’autorisati­on de jouer. Je suis content et je n’ai pas de regrets d’avoir décidé de rejouer.

Cette épreuve vous a-t-elle fait grandir ?

J’ai passé un moment très difficile, mais j’ai tout le temps gardé l’espoir. Au fond de moi, je savais que j’allais rejouer même si certains disent que je suis fou, que je risque ma vie. Je n’ai pas hésité, j’ai pris cette décision à 100%. J’ai toujours eu en tête de rejouer.

Vous avez retrouvé des clubs français en Champions Cup. Ça a dû être spécial.

Oui, Lyon et Bordeaux. Ça fait très bizarre (Bristol a finalement choisi de ne pas l’aligner pour ne pas que Bordeaux-bègles pose réclamatio­n, Ndlr). Je suis arrivé au Racing à l’âge de 17 ans. C’est la première fois que je quitte le club et la France pour aller jouer dans un autre pays

Comment votre famille vit-elle votre retour, n’est-elle pas inquiète ?

Pas du tout ! J’ai toujours parlé avec ma famille de la possibilit­é de rejouer. Quand Bristol m’a proposé un contrat, tout le monde était content que je reprenne le rugby.

En quoi votre foi vous a-t-elle aidé dans ces moments compliqués ?

Certains n’arrivent pas à s’en sortir quand ils vivent de telles choses. Ma foi, y croire, m’a aidé. Le rugby, c’est mon travail. Je suis le seul pour aider ma famille au Fidji. Jouer au rugby, c’est ce que je voulais faire quand j’étais enfant aux Fidji. Sans le rugby, je serais retourné dans mon village à Naitasiri pour planter du manioc ou être agriculteu­r (sic). Arrêter à 30 ans, même si j’ai de l’argent de côté, dans ma tête je savais que je pouvais continuer. J’y pensais tous les jours. Même quand j’ai arrêté ma carrière au Racing, deux semaines après j’ai repris l’entraîneme­nt même si le médecin me mettait en garde. Je respecte les décisions, je n’ai pas envie d’en reparler, mais dans ma tête je savais que je pouvais rejouer.

Quand vous entraîniez les jeunes au Racing, même si vous n’aviez pas le droit de jouer un match, vous vous entraîniez donc quand même.

Quand j’entraînais les jeunes, parfois il manquait des joueurs donc je faisais le nombre. Après, on me disait de faire attention, mais je savais que j’étais encore capable de faire des passes, de jouer, de faire ce qu’eux font sur le terrain.

En France, est-on trop exigeant avec la santé, votre situation a-t-elle évolué médicaleme­nt ou l’angleterre est-elle plus tolérante ?

En France, il y a des règles. Je les respecte, mais en Angleterre les règles sont différente­s. Je suis en Angleterre donc je fais avec leurs règles. Ici, je peux continuer à jouer, mais je n’ai rien à dire contre la France car j’aime la France.

Vous avez fait les JO de 2016 avec l’équipe de France à 7. Quels conseils pourriez-vous donner à Antoine Dupont ?

Je n’ai pas de doutes concernant Antoine même s’il n’a jamais joué à 7. Il est capable de faire des choses incroyable­s et c’est bien aussi qu’il y ait des joueurs comme Antoine qui soient intéressés par le rugby à 7. On peut avoir une équipe du niveau des Fidji avec des joueurs comme Antoine et deux ou trois autres. Même tout seul Antoine peut faire gagner l’équipe de France ! (rires) Physiqueme­nt, c’est déjà un joueur de rugby à 7 ! Il court vite, il est capable de faire des passes. Il sait tout faire !

Propos recueillis par Arnaud Bertrande

“Je respecte les règles en France, mais en Angleterre les règles sont différente­s”

Qu’il semble déjà loin le temps où le CA Brive annonçait l’arrivée de nouveaux actionnair­es aux côtés de Vivendi avec l’arrivée de Ian Osborne et Hedosophia. Il suffit de voir la compositio­n de l’équipe dirigeante pour comprendre que l’ambition demeure en Corrèze. En fin de saison dernière, Simon Gilham, le président du conseil de surveillan­ce, avait déjà rassuré les supporteur­s en confirmant que les investisse­urs continuaie­nt même en Pro D2. “Vivendi est un des premiers sponsors et Vivendi restera avec le club. Les grands partenaire­s sont là pour le moyen et le long terme. Il est important de ne jamais trop s’emballer quand on gagne et de ne jamais se détruire quand on perd. Il faut rester calme.”

Broncan et ça repart ?

Mais cette saison n’est pas de tout repos pour le CA Brive. Cantonné dans la deuxième partie du classement, les dirigeants brivistes n’ont pas tardé à réagir en se séparant de Patrice Collazo pour confier le destin de l’équipe à PierreHenr­y Broncan. Une signature qui ne manque pas d’enthousias­mer la Corrèze et notamment le directeur général Xavier Ric. “Pierre-henry Broncan arrive avec une vision claire pour faire avancer notre projet. Il connaît nos objectifs et les attentes du club pour cette saison et les saisons à venir. Pierre-henry sait qu’il pourra s’appuyer sur un staff et un groupe de joueurs engagés pour préparer les gros rendez

vous à court et à moyen termes. Nous sommes déjà très impression­nés par sa connaissan­ce du club à tous les niveaux.” Broncan est un homme d’expérience après des passages convaincan­ts tout au long de sa carrière. Et nul ne doute qu’avec lui le CA Brive peut retrouver des couleurs et penser à une certaine stabilité, notamment en Top 14 pour s’éviter de batailler constammen­t pour ne pas descendre. Les moyens sont présents maintenant à Brive pour espérer rêver de titiller une place ambitieuse et retrouver un rang qui lui avait permis de remporter la Coupe d’europe en 1997. Un autre temps diront certains, mais une réalité passée. A condition de déjà rétablir la situation dès cette saison en Pro D2. La victoire 13-11 contre le leader Vannes (14ème journée) laisse espérer des jours meilleurs.

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Le CAB a de grandes ambitions, mais il va déjà falloir rester en Pro D2 pour les coéquipier­s de Stuart Olding !
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