Une dynastie centenaire
Si les Anglais peuvent se vanter de posséder une monarchie parlementaire très ancienne, le nom que porte la famille régnante actuelle est une création récente. La Maison Windsor est née il y a tout juste un siècle, dans la tourmente de la Première Guerre
Il est 13 heures, ce samedi 2 juin 2012, quand 41 coups de canons retentissent dans Londres. Ils marquent le coup d’envoi de quatre jours de festivités en l’honneur des 60 années de règne d’Élisabeth II. La reine qui célèbre à 86 ans son jubilé de diamant fait un peu plus tard son apparition au traditionnel Derby d’Epsom, tout sourire et vêtue de bleu. Le lendemain, c’est une foule enthousiaste qui se presse le long de la Tamise pour assister à la spectaculaire parade nautique. Un millier de bateaux venus du monde entier, du kayak au baleinier, vont y défiler avec à leur tête l’embarcation sur laquelle les Windsor au grand complet saluent la foule. On estime à un million le nombre de Britanniques qui ont fait le déplacement. Il y a 120 ans, en 1897, la reine Victoria avait célébré le sien. L’événement avait fait déplacer à peu près le même nombre de curieux.
De Saxe-Cobourg-Gotha à Windsor En ce début du xxie siècle, la monarchie britannique semble donc toujours aussi populaire qu’au temps de Victoria.
Le décorum de ces manifestations ne laisse pas deviner une différence discrète mais de taille. La dynastie régnante a simplement changé de nom. Depuis 1917, par la volonté du roi George V, elle se nomme Windsor, et Élisabeth II n’est que le quatrième monarque à la représenter.
Une couronne très peu anglaise L’une des curiosités de la monarchie britannique est qu’elle a été très peu anglaise.
Il faut remonter à Harold II, en 1066, pour trouver un roi véritablement anglo-saxon sur son trône. Encore ce roi fut-il vaincu la même année à la bataille d’Hastings, et son successeur fut un Normand : Guillaume le Conquérant ! La monarchie passa ensuite aux Angevins (les Plantagenêt, les Lancastre, les York), aux Gallois (les Tudor), aux Écossais (les Stuart) puis aux Néerlandais (les Orange-Nassau). Elle finit par échoir aux Allemands à partir de 1714 : les Hanovre régnèrent alors. Ils étaient issus d’une branche d’une ancienne dynastie germanique, la maison de Witten. Enfin, leurs successeurs furent les Saxe-Cobourg-Gotha lorsqu’au tout début du xxe siècle monta sur le trône le fils aîné de la reine Victoria et d’Albert de Saxe-Cobourg, Édouard VI. En 1917, en pleine guerre contre son cousin allemand Guillaume II, le roi George V comprit qu’il était temps de faire oublier les origines germaniques de la famille.