Secrets d'Histoire

Paris contaminée par la "peste des chiffonnie­rs"

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Juin 1920, hôpital Bretonneau, XVIIIe arrondisse­ment de Paris. L’enfant qui vient d’arriver aux urgences a fait un malaise avec perte de connaissan­ce. Le médecin qui l’ausculte repère un bubon logé sous l’aisselle. Une ponction est pratiquée à l’Institut Pasteur, elle révèle la présence de bactéries Yersinia pestis, le bacille de la peste. La peste ! Sa seule évocation fait ressurgir d’effroyable­s peurs. Ce fléau, éradiqué en France depuis 1669, est réapparu durant la Grande Guerre. À l’Institut Pasteur, le cas est N’oublions pris au sérieux. pas que la mémoire collective est traumatisé­e par la pandémie de la « grippe espagnole » de l’hiver 19181919 qui a fait plus de 400000 morts en France. Une enquête épidémiolo­gique est confiée aux docteurs Édouard Joltrain et Édouard Dujardin-Baumetz. À Clichy, deux décès suspects les alertent. Puis, deux malades sont signalés à Levallois-Perret. À l’hôpital Claude-Bernard, porte d’Aubervilli­ers, des patients sont diagnostiq­ués infectés par la peste. On veille des morts du côté de la cité d’Hautpoul, dans le tirent XIXe arrondisse­ment. Des médecins la sonnette d’alarme à Pantin, Bagnolet, Zone, Montreuil… Bientôt, c’est toute la « le grand camp de la misère » qui entoure Paris, qui est touché. Dans ces bidonville­s et la insalubres, où prolifèren­t les rats biffins, vermine, survivent quelque 100000 Paris « chiftires », chineurs. Dans le la étouffé par une chaleur caniculair­e, sans presse commence à s’agiter, mais disposer d’informatio­ns fiables. L’omerta et de du ministère de la Santé publique ne fait l’ensemble des pouvoirs publics qu’aviver curiosité et inquiétude. Le Populaire, on lit: À la une du quotidien, Mais il ne « La peste! Il y a la peste à Paris. service faut pas en parler, nous dit un chef de à Pasteur. » Le quotidien radical La Lanterne « Il y a bien des cas de peste à Paris déclare : arrondisse­ment. (…) C’est cité d’Hautpoul dans le XIXe Alors que Deux cas mortels… » les quartiers populeux vivent l’épouvante 14 victimes en dénombrant leurs morts (déjà semble au mois d’août), la presse qui se ranger dans le camp des politiques ne veulent surtout pas affoler l’opinion Journal L’Homme libre on publique. Du à discordant tempère… et obtempère. Un son va pourtant se faire entendre. Adrien Le 2 décembre 1920, le sénateur Gaudin de Villaine, qui a quelque franche cite à sympathie pour l’Action française, Moniteur médical: la tribune un article du indifféren­ce «Les pouvoirs publics avec une coupable, tolèrent l’envahissem­ent de notre capitale par des cohortes minables d’Asiatiques porteurs de germes de nombreuses maladies épidémique­s les plus dangereuse­s. Ces indésirabl­es n’essaiment pas que des microbes, mais répandent dans le bas peuple, avec lequel ils prennent contact, les doctrines du bolchévism­e défaitiste. » Et de s’adresser à l’assemblée: « Qu’attend-on pour prendre des mesures? (…) Il faut, comme nous l’avons dit, interdire les chambrées où vingt Israélites se communique­nt leurs poux et leurs tares. Il faut établir un solide barrage aux frontières. » D’autres sénateurs, toutes obédiences politiques confondues, approuvent cette virulente défense des « intérêts nationaux ». Charles Maurras, dans L’Action française se déchaîne. Le Parisien est à l’unisson bien que le ton employé soit « mesuré » : «Tout un peuple de réfugiés venus d’Asie s’est, depuis quelques années, abattu sur la France (…) Ils sont à l’heure présente plus de 400000. Ce sont les “indésirabl­es” ». Bientôt, l’enquête de l’Institut Pasteur sur celle que l’on surnomme livre ses conclusion­s en « la maladie n° 9 ». Un cargo par provenance d’un pays d’Orient frappé la maladie a débarqué ses marchandis­es sur infestées par des puces contaminée­s les quais du port du Havre. Acheminées les par la Seine et le canal de Saint-Denis, lieu marchandis­es ont touché en premier durant les enfants jouant et se baignant, un été torride, sur leurs rives. Roger Par Didier Daeninckx et Dominique

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traite Le Journal 1920, le quotidien Dans son édition du 15 décembre 9 ». qu’on appelle la « maladie n° de manière humoristiq­ue celle

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