Secrets d'Histoire

Quand l'Histoire passe à table

- Par Yves George

Jusqu’au xixe siècle, les repas officiels étaient servis « à la française ». Petit à petit le service « à la russe » a pris le dessus. Savez-vous quelle est la différence entre ces deux manières de faire ?

A Le service « à la française » consiste à laisser chaque convive la possibilit­é de choisir et de se servir à son goût. B Le service « à la française » ne différenci­e pas les entrées, des viandes et des desserts. C Le service « à la russe » prévoit que chaque convive, installé à une place qu’il ne quitte pas, est servi par du personnel. D À l’origine, dans le service « à la russe » le maître de maison, lui-même, découpait, devant ses hôtes, les pièces de viandes rôties.

La grande pyramide de Gizeh est la seule des sept merveilles du monde antique encore debout. Sa constructi­on sous le règne du pharaon Khéops aurait mobilisé 10 000 hommes pendant 20 à 25 ans. Savez-vous quel paiement en nature recevaient ces hommes pour leur peine ? A Des oignons avec un peu d’ail et de persil. B Des galettes de pain fourrées de viande d’agneau. C Un lopin de terre où cultiver des légumes. D Un morceau de chevreau par semaine.

En 1683, un boulanger viennois, travaillan­t la nuit à son fournil, a entendu les Turcs qui assiégeaie­nt la ville de Vienne creuser sous les remparts. Il a donné l’alerte permettant de déjouer l’attaque ottomane. Pour sa récompense, il a obtenu un privilège. Lequel ? A Il a eu le monopole de la fabricatio­n des croissants. B Il est devenu le fournisseu­r de gâteaux officiel de la municipali­té. C Il a reçu le stock d’amandes du marché de la ville. D Il a été le premier membre de l’ordre du pain d’or.

La reine-claude est une prune verte, cousine de la mirabelle. Elle doit son nom à la duchesse Claude de Bretagne devenue reine de France en épousant François Ier. Savez-vous ce qui a motivé la transmissi­on du nom de la reine Claude de France au petit fruit ?

A La reine est réputée avoir obtenu ce fruit par un greffon fait sur un arbre du verger royal de Blois. B C’était tout simplement le fruit préféré de la reine. C La prune n’était pas très belle, petite, ronde et verdâtre… comme la reine. D Le botaniste qui a rapporté ce fruit l’a baptisé du nom de la reine qu’il admirait parce que bien aimée du peuple.

Sur les cartes de toutes les pizzerias du monde figure « la Margherita ». Elle a été servie pour la première fois en 1889 à Naples et se compose de tomate, de mozzarella et de basilic. Mais pourquoi se nomme-t-elle ainsi ? A C’est en l’honneur de Gounod qui a fait donner la première de son Faust à l’opéra de Naples. Marguerite y est l’amour de Faust. B L’héroïne de la Divine Comédie de Dante, oeuvre considérée comme fondatrice de la langue italienne, a inspiré le cuisinier. C L’ordre de la Marguerite était à l’époque une confrérie très puissante à Naples. D Elle a été imaginée et baptisée en hommage à Margherita di Savoia épouse du roi Umberto Ier.

Antoine-Augustin Parmentier n’a pas « inventé » la pomme de terre, comme on le dit parfois. En revanche il a beaucoup fait pour son essor dans l’alimentati­on de ses compatriot­es. Comment s’y est-il pris pour en faire le légume préféré des Français ? A Il la cultivait lui-même sur un terrain proche de Paris. B Il a offert à Louis XVI un bouquet de fleurs de pommes de terre. C Il a rédigé un mémoire couronné par l’Académie des sciences. D Il faisait garder ses plantation­s par des hommes en armes pour suggérer qu’il y avait là un « trésor ».

Connaissez-vous l’origine du mot « copain » ? A Dans les années 1960, Daniel Filipacchi remet ce mot latin en usage en baptisant Salut les copains son émission diffusée sur Europe 1. B Les copains étaient, au Moyen Âge, les ouvriers du boulanger. C Durant tout le Moyen Âge, les repas étaient servis, non pas dans une assiette, mais sur une grosse tranche de pain posée entre deux convives qui devenaient de ce fait les deux « co-pain ». D Au xixe siècle les pains étaient tellement gros qu’on les partageait entre deux familles qui étaient inscrites chez le boulanger comme « co-pain ».

8 À la fin du xviie et au début du xviiie siècles, le vin de Champagne est en vogue à la Cour. Madame de Pompadour le qualifiera très joliment en disant qu’il est « le seul vin… A que l’on peut servir tant à un baptême qu’à un mariage et même lors des funéraille­s ». B qu’une femme puisse boire sans s’enlaidir ». C qui fait rosir les joues des femmes amoureuses ». D qui puisse se boire sans s’oublier ».

Pendant longtemps, le sucre consommé en France provenait des plantation­s de canne à sucre des colonies (Antilles et Réunion). Connue pour ses propriétés sucrières depuis au moins le xvie siècle, la betterave ne sera pourtant cultivée sur le sol français que deux cents ans plus tard. Elle deviendra la source principale du sucre de notre pays. Pourquoi cette conversion ? A Le blocus continenta­l imposé à la France de Napoléon la coupait de ses colonies et la privait donc de sucre. B Les esclaves antillais se sont rebellés refusant de travailler sur les plantation­s de canne à sucre. C Les paysans reçurent une prime à la plantation de betteraves. D Le chimiste français Liebig a mis au point un procédé de distillati­on de la betterave seulement vers 1850.

10 L’origine de la dénominati­on des petits « sablés » est discutée. Selon vous, parmi les hypothèses ci-dessous, quelles sont les plus probables ? A Ce petit gâteau aurait été baptisé en l’honneur de la marquise de Sablé à qui il aurait été offert la première fois par Louis XIV. B Le gâteau doit son nom à la région dont il est originaire, les alentours de la ville de Sablé-sur-Sarthe. C Ce n’est que l’apparence de sa pâte semblable à du sable qui a donné son nom à ce gâteau. D Ce petit biscuit sec a été préparé pour Louis XV dans les cuisines de son château des Sablons.

11 Le thé, si cher aux Anglais, a contribué à l’indépendan­ce des États-Unis. Il est à l’origine d’une fâcherie entre Londres et les colons d’Amérique. Une de ces gouttes qui font déborder la tasse historique. A Les colons américains ne supportaie­nt plus que la mère patrie ne leur envoie que du thé de mauvaise qualité. B L’Angleterre a imposé aux Américains un impôt sur le thé et le verre. C Le gouverneme­nt anglais a coupé la route du thé vers l’Amérique au prétexte qu’il en manquait à Londres. D Par manque de soin, le thé arrivait moisi sur les ports de la côte américaine, dans un état tel qu’il était inconsomma­ble.

12 La pomme dont on dit que « croquée le matin, elle éloigne le médecin » n’a pas toujours eu bonne réputation. La Bible, la mythologie, les légendes celtiques, l’histoire antique… l’ont impliquée dans de nombreuses affaires pas très nettes. D’Ève à Blanche-Neige, on ne compte plus ses victimes. Connaissez vous la légende d’Atalante ? A C’était une femme qui portait le monde à bout de bras et, affamée, lâcha prise pour cueillir une pomme. Sa faim fut sa fin. B Vierge chasseress­e, elle exécutait ses prétendant­s après les avoir distancés à la course. Jusqu’à ce que l’un d’eux lui lance des pommes d’or pour freiner son élan. C En mordant dans le fruit maudit, elle acquit l’immortalit­é mais sans être jamais plus courtisée. D Endormie sous un pommier, elle fut mortelleme­nt piquée par Zeus transformé en abeille. Il lui reprochait d’avoir bafoué l’interdicti­on faite aux humains d’approcher l’arbre sacré.

13 Le « Général Pinard », le « Père Pinard » ou encore « Saint Pinard » étaient dans l’argot des tranchées des manières de baptiser (sans la couper d’eau) la ration de vin rouge servie aux poilus. Savez-vous si… A le vin était la seule boisson des militaires au combat. B le vin au fort degré alcoolique devait enivrer les soldats pour leur faire oublier le danger. C le vin n’était distribué que sur le front français. D le quart de vin a été servi quotidienn­ement pendant toute la guerre.

14 Dans tous les manoirs, tous les châteaux, il y avait une « glacière » : une vaste cavité que l’on bourrait de neige à la saison froide pour ensuite avoir de la glace afin de confection­ner des sorbets ou conserver les aliments. Charles Tellier au milieu du xixe siècle s’est illustré dans l’utilisatio­n du froid au service de la gastronomi­e. Il a… A construit un hangar isotherme à Paris (près du métro Glacière). B montré qu’assécher l’air d’un local en faisait baisser la températur­e. C mis en place, à Paris, le premier service de livraison de pains de glace en voitures à cheval. D fait traverser l’Atlantique à un gigot.

15 Partis au Mexique chercher de l’or et des pierres précieuses, les conquistad­ors découvrent… le cacao. Mais le chocolat local n’a rien à voir avec celui que nous apprécions aujourd’hui : ni sucre ni lait moussu ajoutés, il est relevé d’épices et de musc. Une confidence de l’empereur aztèque a décidé Cortez à goûter au breuvage peu ragoûtant. A Il lui en a révélé les effets hallucinog­ènes. B Il a prétendu que la boisson permettait de rester éveillé trois jours sans fatigue. Un rêve pour un chef ! C Il a affirmé que le chocolat rendait invincible. D Il a avoué que, jamais, il ne visitait son gynécée (d’autres auraient dit son harem) sans avoir bu une bonne tasse de cacao. Pour assurer !

16 Du fait de notre relation particuliè­re avec cet animal familier, il ne viendrait à personne de manger du chien. Pourtant… A au début du xxe siècle, il y avait encore en France des boucheries canines. B les Romains étaient amateurs de viande de chien. C les restaurant­s syldaves sont réputés pour leur « Szlaszeck », un gigot de jeune chien. D Il n’est pas interdit de manger du chien dans notre pays.

17 Lors de sa visite à Paris en 1961, la femme du président des États-Unis d’Amérique John F. Kennedy, autrement dit Jackie K., exprime le souhait d’être assise à côté d’une personnali­té bien précise au cours d’un dîner. Qui Jackie voulait-elle à ses côtés ? A Gabrielle Chanel B André Malraux C Simone de Beauvoir D Alexis Renault Sablonière, descendant du marquis de La Fayette

18 Lors du centenaire de la signature de l’Entente Cordiale, S.M. la reine Elisabeth II est reçue à l’Élysée par Jacques Chirac, ils sont assis l’un à côté de l’autre, présidant une table de 232 convives. Qui a l’honneur d’être assis face à eux? A Le prince Philip et Madame Chirac B Le prince Charles et Claude Chirac C Tony Blair et Jean-Pierre Raffarin, tous deux premiers ministres D Personne.

19 Les banquets républicai­ns ne sont pas seulement des occasions de faire bombance entre élus, dans une ambiance conviviale et égalitaire. Ils ont également, plusieurs fois, servi à modifier le cours de l’histoire. Par exemple… A la campagne des banquets en 1829-1830 organisée par les libéraux a largement contribué à la fin de la Restaurati­on. B l’interdicti­on d’un banquet en 1848 par Guizot fera tomber Louis-Philippe. C en Russie, une campagne de banquets amènera la révolution de 1905. D le « banquet des maires de France » à l’occasion de l’Exposition Universell­e de 1900 réunit près de 23 000 convives.

20 Le café sur la place du village où l’on vient boire un verre et discuter entre voisins est encore une institutio­n française. Mais l’a-t-il toujours été ? A oui B non

Pour approfondi­r ce sujet on peut lire : Histoire naturelle et morale de la nourriture de Maguelonne Toussaint-Samat, éd. Le Pérégrinat­eur et À la table des diplomates, sous la Direction de Laurent Stefanini, éd. L’Iconoclast­e.

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