La romance brisée des Habsbourg
Vienne, 21 novembre 1916. À 86 ans, l’empereur François-Joseph Ier d’Autriche vient de rendre son dernier souffle. Son long règne émaillé de drames s’achève en pleine guerre mondiale. Un conflit déclenché par l’assassinat en 1914 de son héritier, son neveu François-Ferdinand, à Sarajevo, et qui aboutira deux ans plus tard à la dislocation de l’empire austro-hongrois.
Àla mort de François-Joseph Ier, empereur d’Autriche, roi de Hongrie, de Bohême et de Croatie, c’est la stupeur. « On est en pleine guerre, mais c’est aussi la fin d’un des plus longs règnes de l’histoire, 68 ans ! souligne l’écrivain Jean des Cars. La plupart de ses sujets n’ont connu que lui comme souverain. » Inauguré au coeur du Printemps des peuples de 1848, son règne avait pourtant commencé dans la difficulté : seule l’intronisation de ce jeune homme de 18 ans pouvait calmer l’effervescence révolutionnaire. Malgré les tensions dans l’empire, véritable mosaïque de peuples (tchèques, croates, slovènes…), le règne de FrançoisJoseph apparaît comme celui d’un âge d’or culturel, politique et social. Enfin, sa dignité et son courage face aux nombreuses tragédies qu’il a traversées lui ont gagné le coeur et le respect de la population. Véritable figure tutélaire, il restera « l’empereur éternel ».
Un mariage malheureux
François-Joseph est un homme de tradition, studieux, attaché au protocole et détestant les surprises. Pourtant, au moment de prendre l’une des plus grandes décisions de sa vie, il cède à l’imprévu. En août 1853, il rencontre celle qu’on lui propose comme épouse, Hélène en Bavière. Mais à la surprise générale, il lui préfère sa soeur Élisabeth qui n’a que 15 ans. C’est un véritable coup de foudre. Le mariage est célébré le 24 avril 1854. Mais si la passion de l’empereur pour Sissi ne fera que grandir, l’impératrice ressentira très vite le besoin de s’échapper loin des pesanteurs de l’étiquette et des regards de la cour. Et donc loin de son
mari, abandonnant François-Joseph à sa solitude. Le fossé se creuse encore après la mort de leur fille aînée, Sophie, âgée d’à peine 2 ans, en 1857. Ce n’est que le début d’une longue série de deuils. Comme si une malédiction s’attachait aux pas du couple impérial.
1867, une année sombre
Maximilien, l’un des frères de François-Joseph, était devenu empereur du Mexique en 1864. Mais contesté par les républicains et abandonné à son sort, il est jugé et fusillé le 19 juin 1867. Sa femme, Charlotte de Belgique, rentrée plus tôt en Europe pour obtenir des soutiens, sombre dans la folie. C’est en 1867 également que disparaît le prince Maximilien de Tour et Taxis qu’avait épousé Hélène, la soeur aînée de Sissi dédaignée par François-Joseph. Ce veuvage prématuré laisse la jeune femme seule avec quatre enfants. La perte de sa fille Élisabeth en 1881, puis celle de son fils Maximilien en 1885 l’ébranleront au point d’être elle aussi internée un temps en hôpital psychiatrique. Enfin, la jeune archiduchesse Mathilde de Teschen, membre de la famille impériale, meurt le 6 juin 1867 dans des circonstances particulièrement cruelles. Âgée de 18 ans, la jeune fille fumait en cachette de ses parents. Surprise par son père, elle cache la cigarette derrière son dos, mais sa robe prend feu. Mathilde, très sévèrement brûlée, meurt deux semaines plus tard.
La folie des Wittelsbach
Sissi était très proche de son cousin, le roi Louis II de Bavière. Extrêmement sensibles, solitaires, proches de la nature, épris d’art, de poésie et de musique, Sissi et Louis se considéraient comme des âmes soeurs. Mais Louis est déclaré fou et destitué en 1886. Le 13 juin 1886, son corps et celui de son médecin sont retrouvés au bord d’un lac. Meurtre, suicide, accident, le mystère plane. Mais Sissi, profondément affectée par la mort de ce cousin, ne peut s’empêcher de s’interroger, d’autant que le frère de Louis, Othon, est fou lui aussi. Le sang des