Jean des Cars : « FrançoisJoseph et Sissi formaient une véritable équipe. »
Quelles étaient les relations de François-Joseph et Sissi ?
Ils formaient une véritable équipe. C’était un travailleur, attaché à ses habitudes et aux traditions, mais moins rétrograde qu’on ne le dit : il a, par exemple, enregistré sa voix sur des disques et favorisé le développement du chemin de fer. Sissi était une intellectuelle. Elle était vive et spontanée, elle aimait l’imprévu, était toujours sur le départ, ses valises bouclées. Elle refusait d’être réduite au silence ou entravée. Jusqu’au bout, leur correspondance était extrêmement tendre.
Quelle influence politique a pu avoir Sissi ?
C’était une visionnaire et une véritable Européenne. Son instinct politique était très sûr. C’est elle qui encourage François-Joseph à se tourner vers le Danube, car toute expansion au nord est devenue impossible avec Bismarck. Elle comprend que le soutien de la Hongrie est essentiel pour consolider l’Autriche. Cela aboutira à la construction politique et diplomatique originale de l’Autriche-Hongrie. Le couronnement de 1867 à Budapest, comme roi et reine de Hongrie, est un triomphe personnel pour Sissi, et une façon, pour François-Joseph, de clore l’épisode de 1848.
Comment le couple réagit-il au drame de Mayerling ?
Parce qu’elle se laisse moins déstabiliser par l’imprévu, Sissi était mieux armée face aux drames. Elle fait preuve de fatalisme et de résignation. C’est à elle qu’on apporte d’abord la nouvelle, sachant qu’elle saura trouver les mots pour l’annoncer à l’empereur. Mais il est très surprenant que les parents ne se précipitent pas au chevet de leur fils. Qu’ont-ils su? Selon moi, il s’agissait d’un secret terrible, et l’empereur avait fait jurer à tout le monde de garder le silence. Seule Zita, épouse de Charles, le successeur de François-Joseph, a brisé cette interdiction en me confiant que la famille savait qu’il ne s’agissait pas d’un suicide. Mais après cet épisode, Sissi et son époux sont encore plus proches. Elle n’avait pas peur de sa propre mort, mais s’inquiétait uniquement pour François-Joseph.