L’édito de Stéphane Bern
Aussi longtemps que nous croirons aux légendes et aux contes de fées, nous croirons aux malédictions. Mais n’est-ce pas le propre de toutes les figures emblématiques de l’Histoire, de tous ces illustres personnages dont ce magazine aime à retracer le destin, de vivre une existence marquée du sceau de la gloire ou de l’infortune, de la victoire ou de la défaite, de l’exaltation amoureuse ou de l’échec intime ? Aucune de ces destinées n’est vouée aux sentiments mièvres ni aux aventures tièdes. C’est ainsi qu’au fil des siècles, suivant le cours naturel des générations qui se sont succédé, certaines familles semblent avoir été marquées par un sort funeste, une sorte de malédiction qui s’attache à ses pas et emporte la dynastie dans un tourbillon de malheurs dont elle ne peut jamais sortir. Depuis l’Égypte ancienne jusqu’à la Rome de Caligula et de Néron dont le frère Britannicus est devenu le héros célèbre d’une tragédie de Corneille, de la malédiction du maître des templiers Jacques de Molay sur la descendance du roi Philippe IV le Bel et les derniers Capétiens directs, au destin dramatique des derniers Valois finissant dans le sang de la Saint-Barthélemy, de l’exécution de Louis XVI à celle du dernier tsar Romanov Nicolas II il y aura tout juste cent ans en juillet prochain, ou des légendes noires qui pèsent sur le sang des Borgia et des Wittelsbach de Bavière dont l’impératrice Élisabeth d’Autriche était issue… Les malheurs qui accablent ces dynasties dans l’Histoire les ont définitivement rangées sous le vocable de « maudites ». Sans doute parce qu’elles avaient connu le péché originel de la gloire et de la puissance qu’elles devaient expier dans la souffrance et le drame !
Pourtant, à l’image de mon émission Secrets d’Histoire sur France 2, qui fête cette année ses dix ans et dont vous avez été nombreux à suivre l’été dernier les nouveaux épisodes inédits, ce magazine se veut résolument moderne dans son approche de la Grande Histoire : les héros de ces pages reprennent soudain vie parce qu’ils sont racontés comme des êtres de chair et de sang. Ainsi, Caroline Murat, l’intrépide soeur de Napoléon Bonaparte, que nous suivrons du palais de l’Élysée jusqu’aux palais napolitains. Vous plongerez avec délice, je l’espère, dans les sortilèges du Japon des traditions, dans les origines de la noble maison de Molière qu’est la Comédie Française, ou à Schönbrunn à la découverte de Marie-Thérèse, une impératrice d’Autriche qui n’oublia jamais la femme ni la mère qu’elle était… Et comme l’Histoire est pour vous et moi une gourmandise de connaissances et une source inépuisable de désir, ce magazine vous en offre tous les plaisirs variés : mode, beauté, éducation, médecine, gastronomie, voyages… toutes les clés sont utiles pour permettre au plus grand nombre d’entrer dans l’Histoire.
Bonne lecture à tous