Secrets d'Histoire

Louise de la Vallière et Louis XIV Une vie consacrée à l’amour

Une vie consacrée à l’amour

- Par Sophie Denis

Sainte-Beuve la surnomma «l’amante parfaite». Des grandes maîtresses de Louis XIV, elle est la première, celle de la jeunesse du roi. Elle a 17 ans, lui 21 ans. C’est l’âge de la passion dévorante. Il l’aimera pendant six ans, elle toute sa vie, de façon pure et désintéres­sée. Un lien si fort et si malmené par les intrigues de la cour qu’elle l’élèvera jusqu’à l’amour divin derrière les grilles du carmel. Après Louis, elle ne pourra plus qu’aimer Dieu.

Louise de La Vallière voit le roi pour la première fois le 1er août 1659, au château de Blois. En voyage pour Bordeaux, le souverain rend visite à son oncle Gaston d’Orléans. La jeune fille, orpheline de père, a suivi son beau-père à la cour raffinée du frère de Louis XIII, qui mène grande vie sur les bords de Loire depuis que Mazarin l’a fait exiler à cause de ses talents de conspirate­ur. Louise y vit une adolescenc­e joyeuse, aux côtés des trois filles de Gaston. Elle y parfait son éducation provincial­e entre leçons de maintien, lectures des romans à la mode et cours d’équitation.

Une beauté de 15 ans Le coeur de Louise se met-il à battre à cette vue ? Aucun témoignage ne le confirme,

mais on peut le supposer : à dix-neuf ans, Louis éblouit tous ceux qui l’approchent. Lui ne lui prête guère attention, écartelé entre son prochain mariage avec l’infante Marie-Thérèse d’Espagne et la séparation d’avec Marie Mancini. Pourtant, à quinze ans, elle est fort jolie, comme le précisent des écrits de l’époque : « Sa beauté avait de grands agréments par l’éclat de la blancheur et de l’incarnat de son teint, par le bleu de ses yeux qui avaient beaucoup de douceur et par la beauté de ses cheveux argentés qui augmentait celle de son visage. » Le destin les remet en présence, le 26 août 1660 : jeune marié, le roi fait son entrée à Paris avec son épouse, acclamé par la foule rassemblée à la barrière du Trône. Mais il n’a d’yeux que pour son destin, alors que Louise, devenue parisienne depuis la mort de Gaston d’Orléans, s’émerveille devant le fringant cavalier en habit d’argent et de soie incarnate.

Les intrigues d’Henriette Le sort s’acharne. Il a pour nom Henriette d’Angleterre, belle-soeur du roi,

que celui-ci n’hésite pourtant pas à courtiser, un an après son mariage espagnol. Pour vivre en paix son idylle

naissante, combattue par la reine mère Anne d’Autriche, les amants ont l’idée de placer comme leurre une jeune fille dont Louis prétendrai­t être épris, un amour paravent pour les protéger. Le choix se porte sur l’une des demoiselle­s d’honneur d’Henriette, Louise de La Vallière. La cour est friande de ces intrigues où se mêlent amour et luttes de pouvoir. Pour la première et seule fois de sa vie, Louise en est bénéficiai­re. Devenue favorite, elle en sera la victime jusqu’à sa chute. Pour l’heure, Louis XIV est pris à son piège car, en plus d’être jolie, cultivée, excellente danseuse et cavalière, Louise est réservée, animée d’un amour sincère, attirée par lui et non par sa fonction. Le roi a peur des femmes entreprena­ntes : Louise a tout d’une jouvencell­e passionnée. Il tombe éperdument amoureux.

Des amours sous les toits Dès lors les amants s’envoient des billets doux, déploient mille ruses pour se voir en cachette, en pleine nuit dans l’intimité d’un carrosse

ou dans la petite chambre que Louise occupe sous les toits du palais des Tuileries. Le secret est bien gardé : la reine Marie-Thérèse ne se doute de rien, par contre, Henriette ne comprend pas que le roi ne s’affiche pas avec la jeune Louise. Cette discrétion lui met enfin la puce à l’oreille : elle est supplantée par une simple demoiselle d’honneur. L’affront est de taille ! Elle n’aura de cesse de faire tomber sa rivale, multiplian­t les vexations et favorisant les intrigues. Le roi tient bon et l’amour de Louise est indestruct­ible. En mai 1664, il organise à Versailles des fêtes somptueuse­s qui, en plus d’inaugurer les jardins de son nouveau palais, rendent hommage à sa maîtresse : les fêtes des plaisirs de l’île enchantée font de Louise La Vallière la favorite officielle du roi.

 ??  ?? Louise de La Vallière, représenté­e comme Diane, déesse de la chasse.
Louise de La Vallière, représenté­e comme Diane, déesse de la chasse.
 ??  ?? Ci-dessous, Louis XIV déclare sa flamme à Louise, la première femme qui le fait vraiment aimer. Tableau de Jean-Frédéric Schall.
Ci-dessous, Louis XIV déclare sa flamme à Louise, la première femme qui le fait vraiment aimer. Tableau de Jean-Frédéric Schall.
 ??  ?? Ci-dessus, le château de Blois où les futurs amants se sont vus pour la première fois. Il avait 19 ans et elle, 15 ans.
Ci-dessus, le château de Blois où les futurs amants se sont vus pour la première fois. Il avait 19 ans et elle, 15 ans.
 ??  ?? Vue imaginaire du Palais et du parc des tuileries, Peinture anonyme du xviie siècle. Musée du Louvre. Louise de La Vallière occupait une chambre sous les toits du palais.
Vue imaginaire du Palais et du parc des tuileries, Peinture anonyme du xviie siècle. Musée du Louvre. Louise de La Vallière occupait une chambre sous les toits du palais.
 ??  ?? Ci-dessus, portrait équestre de Louis XIV par RenéAntoin­e Houasse.
Ci-dessus, portrait équestre de Louis XIV par RenéAntoin­e Houasse.

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