Secrets d'Histoire

Caroline, reine de Naples proches qu’il a fait couronner que comme des préfets de son Empire. Caroline est l’intermédia­ire indispensa­ble entre les deux hommes, celle qui apaise les conflits, plaide la cause de Murat auprès de Napoléon, et inversemen­t. Pou

Ambitieuse pour elle et sa famille, Caroline veut transmettr­e à ses enfants le trône de Naples, obtenu en 1808. Ses sept ans de règne sont minés par les tensions avec Murat, les querelles entre celui-ci et Napoléon et les menaces grandissan­tes de l’étrang

- Portrait de Caroline Murat devant la baie de Naples par Gérard François (1770-1837).

Etre grande duchesse et grand duc de Berg satisfait Caroline et Joachim momentaném­ent. Après avoir rêvé des trônes des Pays-Bas, de Pologne et d’Espagne, ils reçoivent celui de Naples. En 1808, Napoléon écrit à Murat : « Je vous donnerai le royaume de Naples ou du Portugal. Répondez-moi sur le champ ce que vous en pensez […]. » Et il ajoute : « Avec une femme comme la vôtre, vous pouvez vous absenter, si la guerre vous appelait près de moi ; elle est fort dans le cas d’être à la tête d’une régence. » Murat choisit Naples.

L’humiliatio­n du traité de Bayonne

Le traité qui leur accorde la couronne de Naples est un camouflet : Murat n’est roi que parce qu’il est le mari de Caroline. Une humiliatio­n terrible pour ce fidèle compagnon d’armes, qui empoisonne leur relation et provoque de durables tensions entre Joachim et sa femme. Mais Napoléon s’est toujours méfié des ambitions de Murat. Il en est un peu jaloux et s’il reconnaît ses qualités militaires, il méprise ses faiblesses d’homme. En outre, le couple doit renoncer au grand duché de Berg et à tous leurs biens en France, dont le palais de l’Élysée. Naples est une cité florissant­e, habituée à changer de prince. Elle accueille avec enthousias­me ce cavalier exubérant. Sa femme lui paraît plus froide. En promulguan­t les lois napoléonie­nnes, comme le code civil, le couple fait passer le royaume de la féodalité à la modernité. Caroline s’épanouit au coeur des palais méditerran­éens de Portici, Caserte et Naples.

Régner, pour de vrai

Murat entend gouverner Naples et s’affranchir de la tutelle de son beau-frère, s’écriant un jour : « On n’est pas là pour obéir ! » Mais il se heurte sans cesse à Napoléon qui ne considère les

Une souveraine estimée des Napolitain­s

Mais quand la guerre le mène loin de son royaume, il lui confie la régence, conscient de ses compétence­s. Fine politique, ferme et intelligen­te, elle est une véritable reine qui connaît ses dossiers. Et qui ne manque pas de sangfroid : en août 1813, quand les Anglais tirent des coups de canon en direction de Naples, elle se rend aussitôt sur place, gagnant l’estime des Napolitain­s. Le roi volcanique et la reine réfléchie se complètent parfaiteme­nt. Lorsqu’il se remarie avec Marie-Louise, c’est à Caroline que Napoléon demande de ramener sa fiancée en France. Il lui confie le soin de transforme­r l’archiduche­sse en impératric­e et se montre si ravi du résultat qu’il caresse le projet de nommer Caroline grand dignitaire, un honneur exceptionn­el qui ferait d’elle l’un des premiers personnage­s de l’Empire. Mais Caroline refuse, car cela suppose de vivre à Paris, loin de Naples. Napoléon lui demandera également d’être la marraine de son fils, le roi de Rome. C’est aussi l’époque de l’apaisement entre le roi et la reine de Naples : très amoureux, ils partagent une tendresse renouvelée.

Changement d’alliance

Caroline est consciente que pour conserver le trône et le transmettr­e à ses enfants, son couple doit rester uni. Loyale aussi envers son frère, elle fait tout pour les rapprocher. Mais Murat souffre des vexations de Napoléon qui, dans les moments critiques, oppose un silence méprisant à l’impétueux roi de Naples. Murat ne demande pourtant qu’à être rassuré sur

ses intentions et son affection. Il accompagne Napoléon lors de la campagne de Russie, mais, malade, abandonne le commandeme­nt confié par l’Empereur pour rentrer à Naples. Alors que l’Empire vacille, Murat, puis Caroline, se laissent convaincre par l’Autriche : en échange de la garantie de garder le trône de Naples, ils rejoignent la coalition contre Napoléon.

Le départ en exil

Après la première abdication de Napoléon, le sort de Caroline et Joachim est incertain. L’Angleterre, qui n’a pas signé d’alliance avec eux, voudrait rendre Naples aux Bourbons. Lors des Cent-Jours, Murat, pris de remords, tente de porter secours à Napoléon. C’est un échec et une rupture de l’alliance avec l’Autriche. Son équipée finit en tragédie : il est capturé et fusillé le 13 octobre 1815. Quant à Caroline, prisonnièr­e des Autrichien­s, elle est exilée près de Vienne. La nouvelle de la mort de son mari la bouleverse. Commencent alors des années d’errance, d’une résidence surveillée à une autre, au bon vouloir des vainqueurs. La reine déchue de Naples prend le nom de comtesse de Lipona, anagramme de Napoli (Naples). Après avoir reçu l’autorisati­on de venir un temps en France en 1830, elle s’installe en 1831 à Florence, au palais Griffoni. C’est là qu’elle meurt, le 18 mai 1839, d’un cancer du duodenum. Le souvenir des Bonaparte fait encore si peur aux alliés, que son corps est enseveli en cachette dans l’église d’Ognissanti.

Naples est une cité florissant­e, habituée à changer de prince. Elle accueille Murat, ce cavalier exubérant, avec enthousias­me.

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Le palais royal de Portici réaménagé avec un certain goût du luxe.
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À mi-chemin entre le portrait psychologi­que et la peinture d’histoire, la toile de Paul Delaroche immortalis­e la défaite de l’Empereur, qui abdique en avril 1814 à Fontainebl­eau.
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Caroline gagne l’estime de la ville en 1813 quand elle y accourt après les coups de canon anglais.
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Ci-dessous, l’escalier monumental du Palais royal.

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