L'édito de Stéphane Bern
Il en va de Charlemagne comme de Jeanne d’Arc, son histoire se confond avec son mythe et sa légende, tour à tour délaissée ou récupérée selon l’air du temps. Acteur de la renaissance carolingienne dont il est le deuxième roi franc, Charles Ier le Grand (1,90 m) est aussi le restaurateur de l’Empire d’Occident qu’il veut unir par la foi chrétienne, symbolisé par le couronnement impérial du 25 décembre 800 par le pape Léon III.
Dès les écrits de son biographe Éginhard, une image forte se dégage de lui : celle d’un chef de guerre, d’un conquérant victorieux, d’un roi puissant et justicier. Mais Charlemagne est aussi un homme pétri des contradictions de son temps. Il favorise la création des écoles gratuites ouvertes à tous mais il sait à peine lire et écrire. Les chansons de geste ont fait de lui un redoutable guerrier, volontiers tyrannique et cruel, brutal même, et ses conquêtes féminines sont aussi nombreuses que ses conquêtes militaires, voulant à tout prix christianiser l’Europe des rois saxons. Où se situe la frontière ténue entre la légende et la réalité? La Chanson de Roland, texte fondateur en langue française du Moyen Âge, nous conte la mort de Roland à la bataille de Roncevaux et enjolive l’Histoire pour faire de Charlemagne un héros de la Reconquista contre les Sarrasins…
Héros romantique, héros national, Charlemagne fonde aussi la légitimité européenne depuis qu’en 1949 a été créé dans sa capitale d’Aix-la-Chapelle le Prix Charlemagne.
Étrange destin pourtant pour celui qui voulait unifier ses territoires autour de la foi chrétienne sous une même couronne… et dont l’Empire sera morcelé par ses petits-enfants. Son empire ne lui survivra pas. Une leçon d’Histoire à méditer pour tous ceux qui, guidés par leurs ambitions, mènent des rêves chimériques. Dans ce numéro de Secrets d’Histoire magazine, nous revenons sur le destin contrarié de Marie de Médicis, « la grosse banquière » comme la surnommait Henriette d’Entragues, maîtresse de son époux le roi Henri IV. Couronnée reine le 13 mai 1610 comme elle le demandait instamment, elle est veuve dès le lendemain après l’assassinat du roi par Ravaillac. Régente de la couronne de France jusqu’à la prise de pouvoir par son fils Louis XIII, elle sera peu récompensée de ses efforts pour maintenir la paix civile et s’exilera après la journée des Dupes du 12 novembre 1630. D’ailleurs, il faut lire le portrait magistral que Jean-Christian Petitfils brosse du roi Louis XIII dans ces pages ! Comme toujours, votre magazine, qui est aussi le magazine d’Histoire plébiscité par les Français, s’efforce de vous faire voyager à travers les époques et dans le temps. Vous découvrirez le monde secret des abbayes, le château et les jardins de la Villa d’Este à Tivoli, vous plongerez au coeur de la passion inspirante d’Édouard Manet pour Berthe Morisot, vous entrerez dans les coulisses de la reconstruction de la frégate L’Hermione à la corderie royale de Rochefort, et nous démêlerons le vrai du faux sur les événements décrits dans le film de Sam Mendes, 1917, qui entraîne le spectateur dans le sombre décor des tranchées de la Première Guerre mondiale.