Balade en région
Le Cotentin, la Normandie des extrêmes
Langue de terre cernée par l’océan, la presqu’île du Cotentin allie à un patrimoine naturel préservé et luxuriant la richesse architecturale de son bocage, de ses châteaux, abbayes et fermes-manoirs, le charme de ses petits ports, et un destin lié à sa position stratégique à l’avant-poste du royaume. Suivez-nous à la découverte de ce territoire dont deux grands Jacques, Demy et Prévert, ont si bien su cerner la poésie et la beauté.
La presqu’île du Cotentin, au nord de l’actuel département de la Manche, est habitée dès l’époque galloromaine par le peuple des Unelles, et des Abrincates pour l’Avrenchin. Commandés par Viridovix, les Unelles tentent de résister aux légions romaines mais sont finalement battus vers 56 avant J.-C. Leur capitale, Cosedia, rebaptisée Constantia en l’honneur de l’empereur Constance Chlore, donne son nom au Cotentin. La région est ensuite rattachée au royaume franc de la Neustrie. Au coeur du duché de Normandie Dès le ixe siècle, des Vikings mènent des raids, remontant même jusqu’à Paris en 885. Le roi des Francs Charles III le Simple signe avec le jarl Rollon le traité de Saint-Clair-sur-Epte en 911 qui lui accorde des territoires, dont le Cotentin, en échange de sa conversion au christianisme, de son hommage à Charles et de sa protection contre d’autres raids vikings. Cet acte fonde ce qui deviendra le duché de Normandie. Le Cotentin, qui désigne d’abord la région de Coutances, voit ses frontières évoluer : il englobe rapidement toute la péninsule au nord,
dont les portes d’entrée sont les marais de l’actuel Parc naturel régional des marais du Cotentin et du Bessin, puis l’Avranchin au sud, et Saint-Lô et Granville. Le Cotentin fait partie du Bassin armoricain et offre une variété de roches, dont les plus dures, en granite, gneiss ou grès, se situent au niveau des caps, notamment de La Hague. Le règne de Guillaume le Conquérant, duc de Normandie à partir de 1035 avant de devenir également roi d’Angleterre en 1066, marque une ère de prospérité et de développement pour la région. Coutances s’embellit, avec la construction de sa première cathédrale. Elle deviendra plus tard, à la Renaissance, un centre important du livre. La révolte des Nu-pieds Si le roi Philippe Auguste conquiert et rattache au royaume de France le duché de Normandie en 1204, le Cotentin est ensuite ravagé par la guerre de Cent Ans, son allégeance basculant de l’un à l’autre camp, mais le plus souvent du côté anglais. Les villes de Valognes, Montebourg, Barfleur, Carentan ou Saint-Lô sont pillées. Puis avec la paix, la région se reconstruit et prospère autour de grands châteaux et de remarquables fermes-manoirs. La Normandie devient alors l’une des plus riches provinces du royaume, et ses habitants tiennent à leurs privilèges. Au point de se révolter en 1639 : la guerre de Trente Ans a épuisé les caisses de la Couronne, qui décide d’augmenter les impôts et de supprimer le privilège de quart-bouillon dont bénéficiait le Cotentin. Toute la production de sel serait soumise à la gabelle et vendue exclusivement par les représentants du roi (contre un quart seulement auparavant). L’assassinat d’un collecteur d’impôts, Charles le Poupinel, à Avranches le 16 juillet 1639, lance la révolte. Toute la région s’embrase, des paysans aux gentilshommes, sous la direction d’un homme surnommé Jean Nu-pieds. Richelieu décide de faire un exemple et fait réprimer sans pitié l’insurrection. L’épisode serait à l’origine de l’expression « va-nu-pieds ».Au xxe siècle, la péninsule est au début de la voie de la Liberté, itinéraire des forces alliées de libération depuis SainteMère-l’église et Utah Beach, jusqu’à Bastogne, en Belgique. Le débarquement des Alliés en juin 1944 cause la destruction de villes et sites historiques, notamment le port de Cherbourg, qui était l’un des objectifs stratégiques de l’offensive.
Le règne de Guillaume le Conquérant, marque une ère de prospérité et de développement pour la région.