Une vocation opiniâtre envers et contre tout
La fin de l’enfance de Thérèse est marquée par de longues crises d’angoisse et des élans mystiques. Bien qu’hypersensible, la jeune fille a une certitude : elle deviendra carmélite avant sa majorité. Pour obtenir une dérogation, Thérèse remue ciel et terre de Lisieux à Bayeux en passant par Rome où elle se jettera aux pieds du pape Léon XIII.
L’entrée de Pauline au carmel a précipité Thérèse dans les affres de l’angoisse. Son père, Léonie et Marie étant à Paris, elle célèbre les fêtes de Pâques 1883 chez son oncle. Pour la divertir, il lui raconte ses souvenirs d’enfance avec Zélie mais rien ne lui arrache un sourire. Thérèse, mutique, tremble comme une feuille. Sa tante la met au lit et la couvre d’édredons et de bouillottes. Cette chaleur-là ne suffit pas à revivifier une âme transie. L’enfant tombe dans une profonde apathie. Le médecin, Monsieur Notta, identifie une maladie grave sans pouvoir la nommer.
Le sourire guérisseur de la Sainte Vierge
Pendant des semaines, Thérèse semble absente à elle-même. Elle réclame sans cesse Marie en murmurant de déchirants « Mama ». Son père envoie de l’argent à Notre-Dame-Des-Victoires à Paris afin qu’une messe soit dite et que Dieu empêche son enfant de basculer dans la folie. Après plusieurs semaines, ses soeurs désespérées décident de prier au chevet de leur cadette devant une statuette de la Vierge. Soudain, une image se forme devant les yeux de Thérèse: la sainte Mère de Dieu, souriante, lui apparaît. Thérèse sent deux grosses larmes perler sur ses joues alors que son coeur se réchauffe enfin. Son mal la quitte miraculeusement! Quelques jours plus tard, la fillette raconte sa vision salvatrice à Marie. Bientôt, toutes les carmélites de Lisieux sont au courant de L’Épiphanie mariale. Si tout le monde la prend au sérieux, la fillette souffre d’un horrible sentiment de honte. A-t-elle inventé cette vision pour attirer l’attention ou la Vierge l’a-t-elle vraiment guérie ? En son for intérieur, Thérèse est dévorée par sa « maladie des scrupules » mais elle se tait et tâche de dissiper son mal-être en se focalisant sur la préparation de sa communion.
Une relation intense avec Jésus
La fillette passe quelques jours en retraite dans une abbaye pour parachever sa formation. Sa maîtresse l’adore, vient baiser son front le soir et lui peigne les cheveux le matin. Partout où elle passe, Thérèse se cherche une mère et trouve quelqu’un avec qui partager l’amour débordant de son tendre coeur. Vient enfin le grand jour. La benjamine des Martin fait sa première communion le 8 mai 1884, date à laquelle Pauline prononce ses voeux pour devenir une véritable carmélite. Pendant la messe, la fillette ressent avec intensité la grâce de Dieu. Onze ans plus tard, elle écrira